J’avions reçu commandement

J’avions reçu commandement De partir pour la guerre Je ne me soucions point vraiment D’abandonner not’ mère Pourtant l’a ben fallu, J’ai pris mon sac et j’suis venu.

Y m’ont donné un grand fusil, Un sabre, une gibecière, Une grande capote, un grand tapis Pendant jusqu’au derrière Et fallait s’ tenir drait Aussi drait qu’un pi – qu’un piquet.

Y en avait sur leurs chevaux Qui faisaient bien deux mètres Avec deux ou trois plumes d’ zosiaux Plantées dessus leurs têtes Et deux poils d’ardillon Tout à l’entour de leurs talons.

Y m’ont mené dans un grand champ Qu’appelions champ de bataille Ca s’étripait, ça s’épiaulait C’était pis qu’ la volaille. Ma foi, la peur m’a pris J’ai pris mon sac et j’ suis parti Ma foi, la peur m’a pris J’ai pris mon sac et me voici.