Expo Ron Mueck : quand l’hyperréalisme confine à l’étrange

L’artiste australien Ron Mueck s’affiche en ce moment à la Fondation Cartier (Paris 14ème), où il présente 9 de ses sculptures dont 3 ont été spécialement conçues pour l’exposition.

Véritable star de l’art contemporain, parfois surnommé le « pape de l’hyperréalisme », Mueck fait l’objet d’une attention toute particulière dans les médias et le monde de l’art grâce à ses sculptures qui atteignent un degré de perfection fascinant.

La Fondation Cartier indique que Mueck « fait du temps un élément privilégié de sa création ». Pour peaufiner ses sculptures, des milliers d’heures de travail et l’aide de deux assistants ont été nécessaires. Le maniement du silicone et de la résine polyester, la pose des cheveux et des vêtements créés sur mesure, tout est fait main. Une précision clinique que laisse transparaître le film Still Life, montrant l’artiste au travail, qui fait partie intégrante de l’exposition.

Mueck renouvelle la sculpture contemporaine à travers ses œuvres monumentales ou miniaturisées, créant une tension entre le réel et la fantasmagorie. Les dimensions anormales des personnages, la déchéance des corps obèses et vieillissants laissent entrevoir un certain goût pour le morbide chez Mueck.

Les personnages sont plongés dans leurs pensées et semblent absents, qu’il s’agisse d’un jeune Noir dont le ventre a été transpercé par un couteau, d’un couple immense assis sous un parasol ou d’une mère de famille fatiguée enveloppant sa progéniture dans son manteau. Les sculptures sont troublantes. Et le visiteur, navigant entre le factice et le vrai, devient figé, aussi immobile que les créations de Mueck.

L’incroyable réalisme des sculptures – rides du visage, plis du coude, fines veines… – n’a pas vocation, comme le précise l’artiste, à atteindre la perfection figurative. Il s’agit plutôt d’inviter le spectateur à s’étonner du banal apparent et à entrer dans la psyché de ces personnages complexes dont les trajectoires sont bien singulières.

Si ses sculptures fascinent un large public, Ron Mueck, installé à Londres depuis 1982, demeure discret. Il ne donne pas d’interviews ni de commentaires, laissant le soin au public de juger du caractère de ses œuvres. Sa renommée, il la doit à son cursus atypique : pas de passage par les Beaux-arts, mais une première expérience en tant que créateur de marionnettes et une collaboration au célèbre Muppet Show.

Succès incontesté du printemps, l’exposition Ron Mueck, qui devait initialement se clôturer fin septembre, sera ouverte jusqu’au 27 octobre.