À quoi joue donc Vladimir Poutine ?

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Depuis bientôt 13 années qu’il est à la tête de la Fédération de Russie, Vladimir Poutine n’a pas cessé de surprendre ses interlocuteurs (généralement de la mauvaise manière) et de multiplier les déclarations fracassantes à l’encontre de ses opposants ou de toute personne qui aurait l’outrecuidance de le critiquer. La Russie a aujourd’hui entrepris un grand travail de réaffirmation à l’international et cela ne fait pas que des heureux.

La désintégration de l’URSS – laquelle a été qualifiée de pire catastrophe géopolitique du XXe siècle par Poutine – a profondément modifié les équilibres au niveau mondial. Amoindrie et amputée d’importants territoires, la Russie a connu un net recul par rapport à « la belle époque » du socialisme triomphant. Après des années 1990 marquées par la chute de tous les indicateurs économiques et sociaux, la Russie a repris du poil de la bête et compte bien profiter d’une énergie retrouvée pour s’imposer sur les théâtres extérieurs.

Les relations avec les États-Unis se sont tellement rafraîchies qu’elles en sont devenues glaciales. Tout est sujet à polémique entre les deux pays et le cas Snowden ne va que cristalliser des tensions déjà bien vives. Si les tensions avec les États-Unis sont vives (notamment en raison du projet américain de bouclier antimissile), elles ne sont qu’à peine meilleures avec le Canada. En effet, les deux plus grands pays du monde s’opposent pour l’appropriation des richesses souterraines de l’Arctique.

Si les relations avec l’Asie et notamment la Chine sont plutôt bonnes, il n’en va pas de même avec beaucoup de capitales européennes. La politique active menée par Poutine pour repousser de l’Est du continent l’influence européenne n’est guère appréciée par les chancelleries et en premier lieu celles qui ont connu le système communiste.

Les ex-républiques soviétiques qui ont désormais rejoint l’Union européenne sont relativement sereines, car hors de portée des griffes de l’ours russe, mais l’inquiétude se porte aujourd’hui sur des pays en dehors de l’Union et donc plus vulnérables aux appels du pied et aux menaces à mots couverts lancées par Moscou. Principal objet de convoitise de Poutine : l’Ukraine.

L’Ukraine est la dernière des grandes ex-Républiques soviétiques à ne pas être retombées sous la coupe de la Russie. La Biélorussie et le Kazakhstan ne sont aujourd’hui plus que des épigones de Moscou et font tout pour se rapprocher de l’ancien phare du communisme. Cela s’est vérifié lors de la création de l’Union douanière entre ses trois pays le 1er janvier 2010. Sous la pression russe, l’Ukraine a finalement rejoint l’Union douanière, mais seulement en tant que membre observateur. Entre l’Union douanière russe et l’Union européenne, l’Ukraine doit choisir et pour ne pas hypothéquer ses chances avec Bruxelles, elle a choisi de ne pas se plier à l’oukase du Kremlin en ne devenant que membre observateur de l’Union douanière.

Moscou et Bruxelles vont donc voir leurs intérêts s’entrechoquer dans les années à venir et il est certain que si l’Union européenne souhaite être un acteur géo(politique) de dimension équivalente à son poids économique, elle devra se montrer ferme vis-à-vis de la Russie, quitte à se retrouver en opposition frontale avec Vladimir Poutine. Le Sommet de Vilnius du Partenariat oriental qui se tiendra les 28 et 29 novembre prochains fera office de signal important.

La Russie poutinienne préfère se positionner du côté de régimes particulièrement meurtriers comme la Syrie qu’elle soutient mordicus depuis plus d’un an. Pour des raisons stratégiques et idéologiques, Poutine défend son allié el-Assad au mépris des vies humaines. Moins dramatique, mais tout aussi étrange, le soutien total au régime vénézuélien a de quoi faire réfléchir une Union européenne qui a appris à bien connaître la personnalité du chef d’État russe.

Seules de grandes puissances pourront freiner l’appétit russe dans les années à venir. Faisons en sorte d’être au moins respecté sur le continent européen afin de ne pas devenir les nouveaux jouets du maître du Kremlin.