Mercredi 13 novembre, un certain nombre d’artisans et de commerçants de France entraient en résistance. Accablés par le poids toujours croissant des charges et autres taxes en tous genres, ils emboîtent ce faisant leurs pas dans ceux des pigeons, moineaux et autres volatiles déplumés ayant protesté avant eux contre la politique fiscale du gouvernement. Exténués, acculés mais pas résignés, ils lancent une campagne de sensibilisation et appellent l’ensemble des Français à se joindre à leur combat, pétition à l’appui.
Opération coup de poing
La situation est grave. Désemparé, Jean-Pierre Crouzet, président de l’Union Professionnelle Artisanale, lâchait dans une conférence de presse organisée il y a peu que « toutes les heures, ce sont six entreprises qui disparaissent ». Avant d’enfoncer le clou : « C’est la proximité qui va mourir, c’est l’animation des quartiers, des centres-villes, des villages qui disparaît ». Grandiloquent, Crouzet ? Pas si sûr. En 12 mois, la Banque de France a recensé 54 000 micro-entreprises (moins de 10 salariés) ayant passé la clé sous la porte.
Pour interpeller l’opinion publique sur ce sujet, les « Sacrifiés », tels qu’ils se sont auto-proclamés, ont décidé de taper fort. Plusieurs milliers d’affichettes noires devraient ainsi être placardées sur les vitrines de commerçants dans les jours à venir, sur lesquelles ont pourra lire, en lettrage blanc, « sacrifiés mais pas résignés ». L’adresse d’un site web y sera aussi renseignée, site proposant de signer une pétition de soutien et de visionner une vidéo choc, musique anxiogène et images fortes en pagaille.
Tout ça fait un peu méthode de groupuscule radical et cryptique, mais en fait non. Si le mode opératoire se veut (pseudo) musclé (après tout il ne s’agit que d’affiches…), Jean-Pierre Crouzet l’affirme : « Nous sommes des gens responsables, nous ne sommes pas extrémistes ». Des gens responsables qui craignent pour leur métier, leur boutique, leur avenir. Aux grands maux les grands remèdes, quoi.
Le gouvernement contre les entreprises ?
S’il y a bien un reproche qu’on ne peut pas adresser au gouvernement, c’est celui de verser dans le frégolisme. Droit dans ses bottes, l’exécutif suit une ligne dont il ne s’écarte jamais, quitte à tout dévaster sur son passage. Voilà maintenant un an et demi qu’il tente de colmater les béances des caisses de l’Etat à coups d’impôts en tous genres. Au seul titre de l’année 2013, Pierre Crouzet toujours estime à 1,1 milliard d’euros les prélèvements supplémentaires grevant les entreprises de l’artisanat, du commerce et les travailleurs indépendants, auxquels s’ajouteront 100 millions d’euros en 2014.
Président de Génération Entreprise – Entrepreneurs Associés (GEEA), Olivier Dassault ose une comparaison plutôt bien sentie : « Les patrons, notamment ceux de PME et de TPE, sont comme des » gladiateurs dans l’arène » avec face à eux dans les rôles des rétiaires et autres mirmillons : l’administration, les politiques et les banques ».
Une joyeuse bande de sicaires qui finiront par avoir la peau de nos entreprises s’ils ne dirigent par fissa leurs efforts contre un autre adversaire (le chômage par exemple ?). Notons par ailleurs qu’à force de saigner à blanc l’entreprenariat, quitte à le laisser pour mort sur le bas côté, ils n’auront bientôt plus personne à délester. Vous avez dit absurde ?