Avec les 6% de croissance annuelle anticipés par le Fond Monétaire International, l’Afrique bascule dans une nouvelle dimension. Le continent est effectivement en train de devenir uns des moteurs de la croissance mondiale, après être longtemps resté en marge des échanges internationaux. Pour expliquer cette émergence plusieurs corrections du modèle de développement ont été abordées, et différentes explications sont avancées. Tandis qu’Ema Watson affirme que l’intégration sociale doit permettre un développement plus harmonieux, Christine Lagarde, à l’instar de Jean-Yves Ollivier considère que « l’inclusion sociale » comme une résultante de la création de richesse…
L’ONG Save the Children a montré que les populations sont inégalement bénéficiaires des améliorations de l’économie locale. Alors qu’en 2050 près du quart de la population mondiale, soit 2,4 milliards d’habitants, se trouvera sur l’autre rive de la Méditerranée ; 450 millions d’enfants seront menacés de malnutrition au cours des 15 prochaines années. « Ce déficit limite la pleine valorisation du potentiel humain de l’Afrique », affirme le premier ministre ivoirien, Daniel Kablan Duncan, qui incarne le renouveau africain.
Alors que le pays devrait atteindre entre 8 et 10% de croissance, Christine Lagarde (directrice du FMI) précisait lors du Forum Investir en Côte d’Ivoire, que « l’inclusion de toutes les couches sociales devra prendre en compte l’investissement dans le capital humain qui consiste en l’éducation et la formation des hommes ». Car comme le rappelait The East African, « ce qui est bon pour l’économie ne l’est pas toujours pour les citoyens ».
Le journal insiste sur les externalités négatives de la modernisation des pays africains en s’appuyant notamment sur les travaux de l’universitaire de Cape Town, Vanessa Watson. La chercheuse inverse la relation posée par le FMI et affirme que l’amélioration des conditions d’existence est conditionnée à une égalisation des conditions. Pourtant, comme le soulignait encore récemment Jean-Yves Ollivier : « De nombreux gouvernements africains font aujourd’hui un choix différent. Ils mettent en œuvre une stratégie volontariste d’émancipation, souvent avec l’appui de nouveaux partenaires – pas seulement la Chine, mais, aussi, l’Inde, la Turquie ou le Brésil. Qu’il s’agisse de grands projets routiers, d’investissements dans les télécommunications ou dans le secteur énergétique (…), ces chantiers ont en commun, outre leur finalité d’utilité publique, de générer de l’emploi ».
Cette dualité des positions existe depuis longtemps au sein des débats sur l’efficacité de l’aide au développement. Récemment encore, le président de Paribas Affaires Industrielles, Lionel Zinsou expliquait : « l’Afrique a complètement changé de trajectoire, mais la France ne s’en est pas rendue compte ». Comme le soulignent de nombreuses études internationales, la France perd d’ailleurs de son influence dans cette région du monde ainsi que ses parts de marché…