Le projet du grand carénage a été présenté le mois dernier à l’Assemblée Nationale. Evalué à 55 milliards d’euros, il devrait permettre de prolonger la durée de vie du parc nucléaire. Une fois ce chiffre établi, les opposants à l’atome n’ont pas manqué de faire valoir que d’autres dépenses devront être engagées dans l’avenir en s’appuyant notamment sur un document interne de l’énergéticien. Reprise par Charlie Hebdo, cette information n’empêche pas Capgemini d’évoquer « une opération économiquement et financièrement rentable pour EDF »…
Le document interne : une preuve des anticipations d’EDF
Dénoncées comme des coûts cachés, les sommes indiquées correspondent pourtant aux prévisions établies par l’énergéticien qui réalise de bonnes performances en 2013. Le projet du grand carénage doit permettre de répondre aux exigences de l’ASN, or, selon son président Pierre-Franck Chevet : « nous estimons qu’on sera en mesure d’émettre un premier avis en 2015, l’avis final générique pourrait intervenir en 2018 ou 2019. Les travaux seront donc intervenus avant cette date.
Pour la suite, que l’ASN décide ou non de prolonger la durée de vie des réacteurs, la question du renouvellement des installations se posera. A en croire les services du ministère du redressement productif, la France conservera « au minimum » 50% de son électricité d’origine nucléaire ; « la construction de nouvelles centrales est inévitable » affirme donc Henri Proglio, qui rappelle surtout que « deux à huit unités atteindront 40 ans chaque année entre 2020 et 2030 ».
Le secteur énergie : une clef de la compétitivité industrielle
L’une des principales forces de la France reste son prix très compétitif de l’énergie, ce paramètre est évidemment capital alors que la France pourrait devenir le pays le moins cher d’Europe en 2030. Cependant quelle que soit la stratégie adoptée, de très lourds investissements seront à consacrer au réseau énergétique; ainsi lors du débat sur la transition énergétique la trajectoire Sobriété et sortie du nucléaire (46% ENR / 46% biomasse) n’a même pas pu être chiffrée. A ce propos, Thierry Salomon, président de l’association Negawatt rappelait la complexité de telle prévision : « Sur les coûts, il faut se poser la question de la comparaison, du périmètre et de la durée : à quelle échelle et pour quelles générations ? (…) L’interrogation sur les coûts doit être dynamique dans l’espace et dans le temps, car les infrastructures de l’énergie ont une innertie d’au moins deux décennies ! ».
La trajectoire Electrification et décarbonation (DEC), qui se compose d’un mix de nucléaire (64,9%), complété par de la biomasse (12,9%), du gaz (9,3%), des renouvelables (7,5%), du pétrole (3,4%) et du charbon (1,9%) présente les même difficultés à être évaluée. Toutefois, avec les différents chantiers de l’EPR la maitrise des coûts de ce scénario est plus évidente et les industriels tentent d’établir des prévisions plus régulièrement. Enfin, le directeur de la division production nucléaire (DPN), Philippe Sasseigne précise également « qu’EDF a déjà décidé de lisser ses investissements pour mieux les planifier »….
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