Attention à ne pas transformer la mémoire de Nelson Mandela en un business

20 ans après sa libération, 6 mois après sa mort, le mythe autour de Nelson Mandela reste très fort. Malheureusement, si certaines initiatives ont reçu le soutien de l’ancien chef d’Etat sud-africain et de ses proches, comme le documentaire Plot for peace, retraçant le rôle de l’homme d’affaires français Jean-Yves Ollivier dans la libération de Mandela, d’autres ne visent que les gains, quitte à faire de la récupération politique et économique autour de l’ancien leader de l’ANC.

Nelson Mandela est une des personnalités ayant le plus marqué le 20e siècle et, malgré sa mort, son image et le mythe autour de sa personne sont toujours très importants.

Sa biographie Un long chemin vers la liberté s’est vendue à près de trois millions d’exemplaires., le film Invictus réalisé par Clint Eastwood dans lequel Morgan Freeman incarnait Madiba avait attiré de nombreux spectateurs et le documentaire Plot for Peace, sorti l’an dernier et qui retrace les coulisses de la libération de Nelson Mandela et notamment le rôle de l’homme d’affaires français Jean-Yves Ollivier, a rencontré un franc succès. Il est vrai que ces initiatives étaient respectueuses du combat, du parcours et de la mémoire de l’ancien leader de l’ANC, c’est pourquoi des proches de Madiba comme Winnie Mandela et Thabo Mbeki, ancien président sud-africain, avaient participé au documentaire, par exemple.

Cependant, les profiteurs ne sont jamais loin et opéraient déjà lorsque Nelson Mandela était vivant. Ainsi, en 2005, Mandela avait porté plainte contre son ancien homme de confiance Ismail Ayob. Celui-ci avait contrefait sa signature à de nombreuses reprises pour vendre des œuvres d’art présentées comme étant celles de l’ancien chef d’Etat sud-africain.

Récemment, un site, basé à Chypre, a prétendu récolter de l’argent pour la Fondation Mandela. Finalement, cette argent n’a jamais été reversé et a tout simplement été détourné. Aussi, il y a deux ans, une Néerlandaise avait déposé la marque Mandela aux Pays-Bas sans l’accord de l’intéressé. De nombreux gadgets et pièces d’or utilisant l’image de l’ancien président sud-africain ont été commercialisés, toujours sans son accord, ce qui l’avait poussé peu de temps avant sa mort à déposer les noms «Mandela» , «Madiba», «Rolihlahla» ainsi que son numéro de matricule de prisonnier: «46664».

Néanmoins, depuis sa mort, de nombreux entrepreneurs privés proposent des visites des townships et des lieux de vie de Madiba en utilisant son image, sans même avoir les connaissances historiques suffisantes pour expliquer le régime d’apartheid. Plusieurs musées de l’apartheid sont bourrés de contrevérités historiques. L’effigie de Nelson Mandela est utilisée à toutes les sauces et attire les touristes.

Ses anciens avocats et ses proches doivent se battre pour ne pas galvauder sa mémoire mais certains d’entre eux n’ont pas toujours été exempts de tout reproche. Ainsi, l’un de ses petits fils s’était vu par le passé reprocher par la presse sud-africaine d’avoir mis en danger la vie du vieil homme en l’amenant à des meetings politiques de soutien à Jacob Zuma, alors qu’il était visiblement épuisé, lors de la campagne présidentielle précédente.