L’Angola de Jose Eduardo dos Santos lutte contre la pauvreté

JEDSL’Angola pourrait bientôt devenir le premier pays producteur de pétrole en Afrique selon l’Agence Internationale de l’Energie. Avec cette rente pétrolière, le président José Eduardo dos Santos souhaite industrialiser son pays afin de lutter contre la pauvreté et renforcer son influence de puissance régionale. Alors qu’il rencontrait récemment le représentant spécial de Vladimir Poutine pour l’Afrique, la Banque Mondiale estime dans la dernière édition d’Africa Pulse, que le moment est bien choisi pour entamer la diversification de son économie.

La rente pétrolière et les anticipations de José Eduardo dos Santos

Les taux de croissance angolais sont mirobolants : En 2012, le PIB a augmenté plus vite à Luanda qu’à Pékin alors que les prévisions de croissance pour 2015 et 2016 approchent les 10%… Cette réussite économique n’est pourtant pas miraculeuse ; en effet comme l’explique l’US Energy Information Administration, l’industrie pétrolière a connu un boom entre les années 2002 et 2008, permettant à l’Angola d’intégrer l’Organisation des Pays Exportateurs de Pétrole en 2007.

Depuis la chute des cours de pétrole, on pouvait craindre que le pays ne doive faire face à une crise conjoncturelle, mais c’était sans compter les anticipations du président José Eduardo dos Santos. En plus des mesures d’urgences votées à l’Assemblée début 2015, le pouvoir a lancé le plan national de développement pour la période 2013/2017.

La réduction des inégalités passe par le développement de l’économie productive

Si comme l’explique parfaitement Vanessa Nobres Fines, analyste politique au sein du Centre de Développement de l’OCDE, « les ressources naturelles ont tendance à entraver l’émergence du secteur manufacturier », la stratégie de José Eduardo dos Santos consiste justement à utiliser la manne générée par l’extraction des hydrocarbures pour développer l’économie productive. Toutefois, après la guerre civile et les attentats perpétrés contre les infrastructures par l’UNITA, le tissu industriel de l’Angola reste fragile.

Comme l’explique le vice-président du Groupe de la Banque mondiale, Makhtar Diop, si « la croissance est toujours au rendez-vous [en Afrique subsaharienne et en Angola notamment] (…) La fin du super-cycle des matières premières donne en effet au continent l’occasion d’accélérer ses réformes structurelles en faveur d’une croissance susceptible de réduire la pauvreté de manière plus efficace »… De même, Francisco Ferreira, économiste en chef du Groupe de la Banque Mondiale estime que la nouvelle donne géostratégique est l’occasion de montrer que le pays est « capable de poursuivre par ses propres moyens les progrès économiques et sociaux déjà réalisés ».

Les politiques sociales contre la pauvreté

Les politiques publiques misent en œuvre dans le secteur de la santé et du social, visent notamment à corriger les inégalités et à renforcer la cohésion nationale. Pour Nelson Pestana, professeur de sciences politiques à l’Université catholique angolaise, des améliorations sont nécessaires car le coefficient de Gini est actuellement de 0,55 (0 correspondant à une égalité des revenus parfaite et 1 une situation la plus inégalitaire possible). Toutefois, ce chiffre est à comparer au 0,65 de l’Afrique du Sud (2011) et au 0,52 du Brésil (2012)…

La situation avait donc été largement anticipée comme le rappelle l’ambassade de France à Luanda qui analysait en janvier 2015 « les programmes d’investissements structurants en Angola ». Selon les agents détachés de la direction générale du Trésor à Bercy, le plan de réduction de la pauvreté 2010/2015 va permettre d’améliorer « l’accès à l’eau, à l’électricité et à l’emploi pour la population ».

Une stratégie qui aura probablement fait l’objet de discussions entre le chef de l’Etat et le vice-ministre des Affaires étrangères de la Russie, Mikhail Bogdanov, représentant spécial du président russe Vladimir Poutine au Moyen-Orient et en Afrique…