Selon la Banque mondiale, en 2013, 1,2 milliard d’êtres humains n’avaient pas encore accès à l’électricité. La plupart d’entre eux vivent en Afrique subsaharienne et en Asie, dans des pays comme le Soudan, l’Inde ou le Bangladesh. Parmi eux, huit sur dix vivent en milieu rural. Et 2,8 milliards d’individus continuent de brûler du bois afin de se nourrir et de se chauffer. En d’autres termes, les besoins sont immenses, et les investissements nécessaires pour les couvrir colossaux. Colossaux mais pas toujours au rendez-vous, même si des idées prometteuses commencent à émerger.
Des investissements dans l’énergie en baisse
C’est l’Agence internationale de l’énergie (AIE) qui le dit : les investissements dans l’énergie ont baissé de 8% en 2015. Une chute dont la cause réside dans celle des dépenses consacrées au gaz et au pétrole : le prix du baril étant passé de cent à une quarantaine de dollars, les compagnies pétrolières ont drastiquement réduit leurs investissements (-25%). Elles devraient faire de même en 2016. « Même si les différents marchés mondiaux sont généralement bien approvisionnés aujourd’hui, les tendances relevées sur les investissements incitent à la vigilance sur la sécurité énergétique », met en garde l’AIE.
Au contraire du secteur pétrolier, l’AIE se félicite d’un niveau record atteint par les investissements dans l’électricité en 2015. Ces derniers ont augmenté de 4%, pour dépasser les 680 milliards de dollars, 60% étant dirigés vers de nouvelles capacités de production et 40% dans les réseaux. Surtout, « un tournant majeur vers la génération d’électricité bas carbone est en cours », remarque avec satisfaction l’AIE, qui note également la stabilité des investissements dans les énergies vertes, à 313 milliards de dollars.
600 millions d’Africains toujours privés d’électricité
Les initiatives, en effet, ne manquent pas. C’est le cas en Afrique, continent qui comptera 2,8 milliards d’habitants en 2060, soit plus du quart des 10 milliards d’individus qui peupleront alors la planète. Or une grande partie des populations africaines est encore, aujourd’hui, privée d’accès à l’électricité – on avance le chiffre de 600 millions de personnes. L’accès à l’électricité représente donc un défi d’ampleur en Afrique, défi que tente de relever l’ancien ministre de Nicolas Sarkozy, Jean-Louis Borloo. L’infatigable homme de réseaux parcourt aujourd’hui la planète pour convaincre de l’utilité d’une Agence africaine d’électrification, projet qui a reçu l’aval des chefs d’Etat des 54 pays du continent. A la tête de la fondation Energies pour l’Afrique, Jean-Louis Borloo s’en va répétant que« l’Afrique peut être un formidable relais de croissance pour nous Européens, mais à une unique condition : qu’elle ait accès à l’électricité ». Il n’hésite pas à fixer des objectifs ambitieux, comme faire passer l’Afrique « de 25% à 100% d’accès à l’énergie et à la lumière en une petite décennie ». Il faudra en effet rien de moins qu’un véritable « plan Marshall » pour électrifier l’Afrique, comme l’appelle son concepteur. Car aujourd’hui, le continent produit moins d’énergie qu’un pays comme l’Espagne.
La Banque africaine de développement (BAD) travaille également à l’électrification du continent. Dès sa prise de fonction, en 2015, son président, Akinwumi A. Adesina, affirmait travailler à un Pacte pour l’énergie en Afrique, d’un coût de 4,2 milliards de dollars. L’objectif assumé, ici, est de contribuer à rendre possible l’accès à l’électricité de près de 700 millions d’Africains. La BAD pense aussi faisable de fournir, en Afrique, une énergie issue de sources renouvelables à 90%. Mais en Asie centrale également, les initiatives et projets fleurissent.
Astana EXPO-2017, « l’énergie de l’avenir »
Astana, la capitale du Kazakhstan, accueillera du 10 juin au 10 septembre prochain l’EXPO-2017, un événement s’inspirant des expositions universelles, entièrement consacré à « l’énergie de l’avenir ». Non contente d’ambitionner intégrer le Top 50 des villes intelligentes, ces « smart cities » les plus développées au monde, Astana va devenir, le temps de trois mois, l’épicentre de la réflexion en matière de transition énergétique.
Les thèmes abordés prendront la forme d’autant de défis à relever : un défi économique, en travaillant sur la nécessaire efficacité énergétique et la rationalisation de notre consommation d’énergie ; un défi environnemental, qui était déjà au cœur de la COP21 de Paris, celui de la réduction des émissions de CO2 au niveau global ; un défi social, visant à favoriser l’accès à l’énergie de tous les humains. Etre raccordé à l’électricité pourrait, à terme, être élevé au statut de droit fondamental. Car si rien n’est fait d’ici 2030, ce sont 12% des habitants de la Terre qui vivront sans électricité et plus de trois sur dix qui ne bénéficieront toujours pas de moyens de cuisson modernes. Une fracture technologique qui aura pour première conséquence d’aggraver une autre facture, économique et sociale cette fois.