La terre brûle. Elle brûlait hier et elle brûle encore aujourd’hui, sans que personne ne puisse l’éteindre. L’Amazonie, le poumon de la planète, part en fumée, et avec elle disparaît la plus riche réserve de biodiversité du monde, ainsi que le lieu de vie et la mémoire de centaines de peuples amérindiens.
Mégafeux
Ces brasiers, qui sont visibles du ciel, ne sont pas de simples feux de forêt. En effet, ces derniers, quand ils sont maîtrisés, peuvent être profitables aux écosystèmes, mais les incendies en question, ces mégafeux, sont de véritables catastrophes écologiques et humanitaires. « Il n’y a pas de résilience ni de résurgence possibles dans un territoire dévasté par un mégafeu », déplore la philosophe Joëlle Zask.
Or ces mégafeux sont directement liés au réchauffement climatique, et surtout, à la déforestation. En effet, lorsque l’on regarde une carte des incendies vus du ciel, on peut voir que le feu se concentre près des frontières agricoles, où la forêt a été tronçonnée pour faire place aux élevages et aux cultures intensives. « L’industrie forestière et les grands feux forment un couple inséparable, note Joëlle Zask. L’appauvrissement de la biodiversité que la première provoque prépare le terrain pour les seconds. »
Phénomène mondial
Toutefois, il est important de rappeler que les mégafeux ne sont pas qu’un problème brésilien. La gravité des faits liée à l’indifférence et à l’incompétence du président Jair Bolsonaro ont conduit l’opinion publique à se focaliser sur le Brésil, qui est pourtant loin d’être un cas isolé.
Dans son livre Quand la forêt brûle paru le 22 août, Joëlle Zask révèle qu’en quelques années à peine, des milliers d’hectares sont partis en fumée, notamment en Grèce, en Australie, en Sibérie, en Californie, en Indonésie, et au Groenland.