La gendarmerie généralise son algorithme prédictif 

L’outil  «  d’analyse décisionnelle  » a été généralisé cette année sur les tablettes et ordinateurs de tous les gendarmes, et ce malgré les résultats peu concluants des phases d’expérimentation. Cet algorithme prédictif prend la forme d’une carte navigable, sur laquelle figure l’historique des cambriolages et des vols de voiture enregistrés, et qui projette les risques que ces événements se répètent. 

Bilan positif 

Développé en interne pour éviter toute fuite, l’outil a été expérimenté en 2018 par les gendarmes de onze départements témoins en France métropolitaine. A la fin de l’expérimentation, le Service central de renseignement criminel (SCRC), qui développe le projet, a remis un rapport à la Direction générale de la gendarmerie nationale (DGGN), selon lequel l’algorithme apporterait «  des éléments d’informations sur des infractions susceptibles d’être commises sur leurs circonscriptions. Cela leur permet d’anticiper des mesures préventives et d’optimiser l’engagement de leurs forces  ».

Les gradés à la tête du projet n’ont pas hésité, eux, à vanter une expérimentation réussie. Laurent Collorig, le colonel en charge du SCRC, se réjouissait que  «  dans ces onze départements, sur les premiers mois de l’année, la baisse de la délinquance a été supérieure, en ce qui concerne les cambriolages et les atteintes aux véhicules, que la baisse de la délinquance sur la France entière en zone gendarmerie  ». 

Et le général Richard Lizurey, directeur général de la gendarmerie nationale, n’a pas hésité, lui, a reprendre cet argument devant l’Assemblée nationale  : «  À l’issue d’une expérience menée pendant un an dans onze départements, nous avons constaté que le résultat obtenu dans les départements concernés en matière de cambriolage a été meilleur que dans tous les autres.  »

Bilan contesté

Mais les chiffres de la gendarmerie eux-mêmes contredisent cette conclusion. En effet, entre janvier et octobre 2017 et entre janvier et octobre 2018, le nombre de cambriolages constatés en zone gendarmerie a chuté de 8,5  %, alors qu’il n’a chuté que de 6,8% dans les onze départements concernés.

Ce chiffre s’explique par des résultats très disparates selon les départements ayant pris part à l’expérimentation. Les cambriolages ont par exemple baissé de 33,95  % dans le Puy-de-Dôme, alors qu’ils ont augmenté de 22,22  % en Loire-Atlantique.