Alors que le gouvernement présentait mardi 10 septembre le bilan de sa stratégie de lutte contre la pauvreté, les associations d’aide aux plus précaires ont, dès lundi 9, présenté leurs propres conclusions. « Il y a une véritable contradiction entre les objectifs affichés par l’exécutif dans le cadre de cette stratégie de lutte et la situation des personnes confrontées à un accroissement des inégalités », a résumé Christophe Devys, président du collectif Alerte, qui fédère les organisations de solidarité.
Des économies sur le dos des plus faibles
Même si le chômage a globalement diminué, les plus précaires n’en profitent pas, et pire, certaines mesures les fragilisent. « L’Unédic a décidé de faire 3 milliards d’économie essentiellement sur le dos des précaires. L’impact va être colossal. On s’attend à voir plusieurs centaines de milliers de personnes basculer du chômage vers les minima sociaux », a prévenu Florent Gueguen, directeur de la Fédération des acteurs de la solidarité.
Certes, le gouvernement a lancé quelques mesures positives, telles la création de 5000 postes en insertion par an, ou la concertation pour la mise en place d’un « service public de l’emploi », mais ces décisions apparaissent comme des caches misère, qui dissimulent, bien mal, les cadeaux qu’a fait l’Etat aux plus riches (5 milliards d’euros avec la suppression de l’ISF et 7 milliards avec celle de la taxe d’habitation).
Les précaires sont d’autant plus touchés par ces mesures que le RSA n’a pas été revalorisé ( RSA qui sera d’ailleurs supprimé courant 2020, au profit du Revenu Universel d’Activité, qui fusionnera plusieurs prestations sociales) et que 250 000 emplois aidés ont disparu.
Risque de mal-logement
La construction de logements sociaux est insuffisante (35 000 au lieu des 65 000 nécessaires), le budget pour les centres d’hébergement et de réinsertion est en baisse, et presque rien n’est fait pour contenir les bidonvilles. « On se trouve dans une situation de laquelle quelques milliers de personnes vont sortir par le haut, mais des dizaines de milliers d’autres vont basculer dans le mal-logement », déplore Christophe Robert, délégué général de la Fondation Abbé-Pierre.