Discrètement, le gouvernement planifie la construction de six nouveaux EPR

EPR

Un courrier daté du 12 septembre, et récemment dévoilé, a révélé que le gouvernement avait demandé à EDF de présenter mi-2021 un projet concernant «  la construction de trois paires de réacteurs sur trois sites distincts  ». Officiellement rien n’est arrêté, et le débat est encore ouvert, mais il est évident que le gouvernement a déjà pris sa décision. 

Sois-disant économies 

Alors que la seule leçon à tirer de l’échec de Flamanville est que l’EPR est un gouffre financier à haut risque pour l’environnement, le gouvernement, lui, espère encore apprendre de ses erreurs, et généraliser le réacteur de troisième génération. 

«  Un état des lieux intégrant le retour d’expérience de la construction des premiers EPR (Flamanville) » devra tout d’abord être présenté mi-novembre, précise le courrier du gouvernement. «  Les forces et les faiblesses de la filière seront explicitées à partir de ce bilan, dans la perspective de la construction de nouveaux réacteurs ». Ensuite, vers la mi-décembre, EDF devra fournir au gouvernement  «  une analyse des capacités de la filière », regroupant l’ensemble de ses besoins «  en contrats, investissements, recrutements, formations ou autres  », et en mars 2020 l’électricien devra communiquer «  la liste des plans d’action de la filière lui permettant, pour chacune des compétences ciblées, d’atteindre le niveau requis  ».

Mais même si EDF apprend bel et bien de ses erreurs, la question demeure quant à l’ampleur du projet. Pourquoi prévoir de construire six réacteurs, alors qu’un seul pose déjà tant de problèmes  ?  A cela, la filière nucléaire répond qu’une construction en série ferait baisser les coûts de production, et faciliterait le travail des sous-traitants.

Décision déjà prise

«  Le gouvernement a déjà pris sa décision  : appuyer les projets de fuite en avant d’EDF, au mépris de la démocratie et de la majorité des citoyens, opposés à la construction de nouveaux réacteurs  », regrette Charlotte Mijeon, du Réseau Sortir du nucléaire.

Et même au sein de la majorité, la nouvelle fait du bruit. «  Ce courrier est inquiétant  : il donne le sentiment que des décisions ont déjà été prises  », s’inquiète la députée LaReM de la Somme, Barbara Pompili,  qui se dit «  très surprise  ».