La France choisit d’ignorer les djihadistes de Syrie 

France, Syrie, djihadistes

Le responsable du pôle antiterroriste au tribunal de Paris, David de Pas, vient une nouvelle fois de tirer la sonnette d’alarme, enjoignant l’Etat à rapatrier et juger les Français de l’EI détenus par les Kurdes au plus vite. « L’instabilité géopolitique de la région et la porosité de ce qu’il reste des camps kurdes pourraient provoquer des migrations incontrôlées de djihadistes vers l’Europe avec le risque d’attentat par des personnes très idéologisées », prévient monsieur De Pas. 

Depuis l’offensive turque du 9  octobre, 800 femmes et enfants de djihadistes se sont échappés du camp d’Aïn Issa, dans le nord de la Syrie, et cinq hommes se sont évadés de la prison de Qamichli, attaquée à la voiture piégée.

Jugement en Irak

Le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, s’est rendu en Irak jeudi et vendredi derniers pour convaincre Bagdad d’accepter de juger, après transfert, les djihadistes français détenus dans les camps kurdes. Ça n’aurait pas été une première pour l’Irak, qui a déjà accepté de juger onze ressortissants français, dont certains ont été condamnés à la peine de mort. Cependant, cette fois, Bagdad a dit non, au grand dam de la France.   

Mais malgré ce refus, le gouvernement campe sur ses positions et refuse le retour des djihadistes et de leurs familles détenus en Syrie. La France a pourtant été rappelée à l’ordre par les Nations unies, qui l’exhortent à « protéger la vie de ses ressortissants, leur garantir un procès équitable, empêcher le transfèrement des enfants en Irak et les prémunir des traitements inhumains ».

Revirement de l’opinion publique

Avant l’intervention turque, l’État français pouvait compter sur le soutien de l’opinion publique pour ne pas rapatrier ses ressortissants. En effet, en début d’année, la majorité des personnes interrogées approuvaient le jugement des djihadistes français en Irak, et s’opposaient même au retour de leurs familles. Toutefois, aujourd’hui, l’argument sécuritaire change la donne. « Comment se protéger si on ne les a pas sous la main ? La meilleure méthode, c’est de les juger en France et de les contrôler », affirme David de Pas.