Licenciements chez Peters Surgical

Peters Surgical, licenciements

Une quarantaine de salariés de l’entreprise de matériel médical Peters Surgical sont en grève à Bobigny depuis mardi 22 octobre, pour protester contre le plan de licenciement décidé par leur direction. 

«  L’entreprise a largement de quoi le financer  »

La direction de Peters a décidé de supprimer 60 des 134 emplois du site de Seine-Saint-Denis en septembre, une décision qui fait d’autant plus grincer des dents que l’entreprise est florissante, avec 58  millions d’euros de chiffre d’affaires en 2018, pour un bénéfice net de 5,9 millions d’euros. 

« Dans les négociations du plan de sauvegarde de l’emploi (PSE), la direction nous dit que la nouvelle réglementation européenne suite à l’affaire des prothèses défectueuses PIP, avec un renforcement de la traçabilité pour les normes CE, allait coûter de l’argent. Or, on sait que cela va arriver depuis 2017 et que l’entreprise a largement de quoi le financer avec ses millions de fonds propres », s’exaspère Julien Faidherbe, délégué syndical CGT.

Selon lui, « depuis le rachat de 70  % des parts de Péters Surgical par le fonds d’investissement français Eurazeo, en leveraged buy-out (LBO) en 2013, chaque année, 2  millions d’euros de dividendes sont versés aux actionnaires pour se rembourser. On se dit qu’ils font ces licenciements avant de mieux revendre l’entreprise ». 

Éric Mutombo, délégué syndical CFTC, dénonce lui une délocalisation rampante engagée il y a huit ans. « Dans l’usine en Inde, ils ont déjà lancé l’activité de stérilisation, après celle de production », explique le syndicaliste.

«  Je suis quasiment née ici  »

Alors que la direction se voit déjà en Inde, les ouvriers, eux, n’envisagent pas devoir chercher du travail ailleurs. « Je suis entrée à 18  ans, je suis quasiment née ici. Je ne vois pas qui voudrait m’embaucher à 57  ans », se lamente Tata, une opératrice travaillant sur site depuis quarante ans.

Mais d’autres manifestants haussent le ton. « Tous les ans, on nous disait que les résultats étaient super. On a mis du temps à réaliser qu’ils se foutaient de nous ! Je me voyais finir ma carrière chez Péters, non pas partir avec à peine plus que le minimum légal et une retraite de misère », fulmine Josefa, une ouvrière de 61 ans.