Mercredi 6 novembre, le cabinet Proxinvest a publié une étude révélant que les premiers dirigeants du CAC 40, qui gagnent en moyenne 5,77 millions d’euros par an, ont vu leurs profits augmenter de 12 % en 2018. Une hausse directement liée à la baisse de la fiscalité appliquée aux dividendes décidée par le gouvernement.
Connivence de l’Etat
Cette hausse des gains est un record, qui « va de pair avec l’augmentation continue du versement de dividendes ces dernières années, analyse l’économiste Maxime Combes, porte-parole d’Attac. Ces très grandes entreprises préfèrent rémunérer patrons et actionnaires plutôt que d’investir ».
La rémunération des grands patrons augmente d’ailleurs trois fois plus vite que celle de leurs salariés, ce qui ne cesse de creuser les écarts de salaire. En 2018, par exemple, ils ont gagné en moyenne 90 fois le salaire médian de leurs employés, contre 73 fois en 2014. « Dans ces grands groupes, se côtoient deux mondes, celui des salariés et celui des dirigeants et des actionnaires. Et quand on parle, à l’échelle de la société, des fameux 1 %, c’est vrai, aussi, à l’échelle de la multinationale », regrette Maxime Combes.
Et l’économiste affirme que si les dirigeants ont pu à ce point faire passer leur intérêt personnel avant celui de leur société, c’est uniquement car l’Etat en a décidé ainsi. « Emmanuel Macron a largement encouragé la rémunération par actions, par la flat taxe ou par l’abrogation de la taxation du versement de dividendes », rappelle le porte-parole d’Attac.
Aides publiques sans conditions ni contreparties
En plus de ces cadeaux fiscaux, l’Etat signe « des chèques en blanc » aux entreprises. Il serait question d’une enveloppe de 200 milliards d’euros d’aide publique, que l’Etat offre sans condition ni contrepartie.
« Au minimum, il est urgent de fixer des contraintes, de conditionner le versement de ces aides à des impératifs d’embauche, d’amélioration des conditions de travail, de niveaux de salaire ou d’objectifs environnementaux » , s’insurge Maxime Combes.