Le parlement a réussi à se mettre d’accord sur la convocation d’un référendum visant à introduire des changements constitutionnels
Ce référendum va se tenir en avril 2020. Le but est clairement d’apaiser le climat quasi-insurrectionnel qui règne dans le pays depuis près de deux mois. Il s’agit d’un accord historique ; le gouvernement et l’opposition ont accepté de mettre sur la table la réécriture de la constitution. Ceci était une exigence de longue date de la rue et du mouvement social. La constitution est directement héritée de la dictature de Pinochet.
Le référendum comptera deux questions ; une sur la révision de la constitution et l’autre sur la méthode pour la rédiger. En effet pour beaucoup de personnes, faire réécrire la constitution par ceux qui sont au pouvoir ne risque pas de faire changer grand-chose. Plusieurs méthodes et idées sont actuellement étudiées, notamment l’élection des rédacteurs du texte.
Pour que tout reste comme avant il faut que tout change
Il est clair que la classe politique chilienne se sent menacée, la gauche comme la droite. Ces derniers ne sont pas en phase avec le mouvement populaire qui les dépasse largement. Ceci est très clairement une façon de tenter de ramener le calme. En faisant mine de répondre aux demandes et en fixant une date prochaine, on peut espère vider les rues et diviser le mouvement. Cependant les gens ne manifestent pas uniquement pour un changement constitutionnel ; le cœur de la mobilisation repose sur la question des injustices économiques.
On voit bien l’hypocrisie des partis de gouvernement de Hong-Kong à Paris ; on cède sur une partie des demandes pour éviter d’avoir à accepter les autres. C’est un miroir aux alouettes qui est présenté à la population. La lutte contre les injustices économiques ne sera pas entérinée par une constitution aussi progressiste soit-elle, surtout si elle est rédigée par la même classe politique qui a profité de cette constitution héritée de la dictature.