Mardi 3 décembre, les députés ont adopté la résolution « Maillard » qui mêle antisémitisme et antisionisme. Une assimilation jugée dangereuse par la gauche, et qui pourrait, surtout, s’avérer contre-productive.
« Amalgame d’Etat »
« Je hais Israël, ça veut dire je hais les juifs. C’est l’arcane de la fabrication de l’anti- sémitisme », affirmait le député de Paris Sylvain Maillard pour défendre sa proposition de loi, assumant pleinement de faire l’amalgame entre les deux termes.
Il rejoint ce qu’avait affirmé le président Macron le 20 février 2019 au dîner annuel du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif). « Qui ne voit que l’antisémitisme, de plus en plus, se cache derrière le masque de l’antisionisme ? », avait alors déclaré le président, assurant que « l’antisionisme est une des formes modernes de l’antisémitisme ».
Avec la résolution « Maillard », la France adopte donc une définition de l’antisémitisme calquée sur celle de l’Alliance internationale pour la mémoire de l’Holocauste (Ihra), qui estime que bien que les critiques d’Israël « à un niveau semblable à celles formulées à l’encontre d’un autre pays (sic) ne sauraient être considérées comme antisémites », l’antisémitisme peut « inclure le ciblage de l’État d’Israël, conçu comme une communauté juive ».
Juif et pas sioniste
Comme c’était à prévoir, une partie de la droite a voté la résolution, qui a en revanche été boudée par la gauche et par de nombreux marcheurs. Deux députés macronistes, Fadila Khattabi et Gwendal Rouillard, avaient même cosigné une tribune dans Le Monde avec des députés PCF et Modem le 2 décembre, réclamant « le retrait de la résolution Maillard ».
Outre l’opposition, 127 « universitaires et intellectuels juifs, d’Israël et d’ailleurs (Jérusalem, mais aussi Oxford ou Princeton – NDLR), dont beaucoup de spécialistes de l’antisémitisme et de l’histoire du judaïsme et de l’Holocauste », ont affiché leur opposition à la résolution « Maillard ». « Certains juifs s’opposent au sionisme pour des raisons religieuses, d’autres pour des raisons politiques ou culturelles », et « de nombreuses victimes de l’Holocauste étaient antisionistes », ont-ils rappelé.