2000 personnes mises à la rue en Guyane

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Lundi 9 décembre, le gouvernement d’Edouard Philippe a lancé, en pleine saison des pluies, une grande opération d’expulsions et de destructions « d’habitats informels » dans la banlieue bourgeoise de Cayenne.

120 gendarmes déployés

Dans la nuit du 9 au 10 décembre, des bulldozers escortés de 120 gendarmes ont procédé à la destruction de la moitié des habitations constituant le « quartier d’habitats informels » baptisé les Manguiers, situé sur la ville de Rémire-Montjoly, dans la banlieue bourgeoise de Cayenne.

Ces habitations abritaient depuis près de 50 ans 2000 personnes, « pour la plupart de nationalité française ou en situation régulière », précise la fédération du Droit au logement (DAL) de Guyane. La préfecture a laissé savoir que le « reste de l’opération » reprendra « après Noël ».


« Ils sont arrivés brusquement et nous ont mis dehors sous la pluie. Ils nous ont lâchés dans la rue avec nos enfants qui pleuraient et nos affaires complètement mouillées », raconte Pierre-Louis Gary, qui habite le quartier depuis cinq ans.

« Opération immobilière spéculative »

Le DAL, lui, assure que « la police et les bulldozers ont (eu) pour mission d’écraser les maisons et de laisser place nette à une opération immobilière spéculative, non loin de la mer ».

En effet, un jugement rendu en 2017 a donné raison au nouveau propriétaire des terrains, l’investisseur immobilier SCI Esteliz, « malgré les conditions troubles d’acquisition du terrain (…) et la gravité de la crise du logement en Guyane, le Préfet a refusé de faire usage de la loi Vivien », ajoute le DAL. Ce texte vise à viabiliser les terrains insalubres, et à les revendre par lots aux anciens occupants, qui peuvent ainsi rester sur place.

« Même si le terrain est vendu à un autre, ils auraient pu faire une réunion avec nous, confirme Cyrile Elvestre, habitant du quartier depuis 31 ans. Si nous pouvions acheter, on aurait acheté. Si nous ne pouvions pas, ils auraient du nous donner un délai de 6 mois ou 1 an afin que l’on puisse partir et leur redonner leur terrain. Nous mettre dehors, sous la pluie, sans rien, c’est inhumain, indigne ».