France : 676 personnes tuées par la police depuis 1977

Ces chiffres recensés sur le site bastamag.net comptabilisent tous les cas de légitime défense ou d’homicides injustifiés depuis près de 43 ans

En 2019, selon le magazine Basta !, 26 personnes ont été au cours d’une intervention des forces de l’ordre. On comptabilise donc aussi bien gendarmes que policiers. Dans deux de ces cas il s’agissait d’agents qui n’étaient pas en service. Fautes de chiffres officiels ce décompte macabre a été opéré en utilisant des sources militantes qui s’attachent à surveiller le travail des agents. On peut ainsi citer le travail de Maurice Rajsfus ou les collectifs Vies Volées et Désarmons-les. Le décompte commence le 1er janvier 1977 et s’achève au 13 décembre 2019.

Un travail sérieux et précis

Ces dernières années la police a tué 36 personnes en 2017 et 28 en 2018. L’année 2017 a été la plus meurtrière en date. L’étude souligne que contrairement à ce qu’on pourrait il n’y pas de lien apparents avec les mesures anti-terroristes. Ces interventions létales ne représentent que 3 % du décompte. On pourrait aussi s’attendre à ce que ces morts soient en réponse à une situation de crise gravissime et face à un individu armé ; il n’en est rien. Seul un mort sur quatre était armé, ce qui ne signifie même pas que l’individu ait fait usage de son arme. En réalité les situations de riposte policière face à des tirs ne représentent qu’un cas sur dix. Dans 77 % des cas les personnes n’étaient pas armées.

Les affaires de morts suite à des courses poursuites représentent elles 14 % du total et les asphyxies suite à des techniques d’immobilisation 10 %. On compte aussi près de 69 personnes qui meurent d’un « malaise » au commissariat sur la période observée. Ces dix dernières années les armes non-létales ont elles tuées 14 personnes. Si les morts suite à des opérations de maintien de l’ordre en manifestations ne sont pas si fréquentes on a cependant noté une forte augmentation des blessures graves et des mutilations depuis l’année dernière. Enfin 77 affaires sont le fait d’agents en dehors de leur service ; violences conjugales et domestiques notamment. Les agents ne sont en effet pas légalement libérés de leurs obligations en dehors de leur service. De plus depuis 2017 ils ont obtenu le droit de conserver leur arme dans un cadre privé.

Une base de donnée ouverte aux premiers concernés

Il faut ici saluer une fois de plus le travail de Basta ! L’absence de données fiables de la part du gouvernement est une constante dans les affaires violences ou de meurtres policiers. Même l’IGPN reconnaît le problème dans un rapport de 2019 ; « Cet état de fait favorisait la diffusion d’informations souffrant d’un manque de rigueur et d’objectivité et conduisait certains commentateurs à assimiler l’usage de la force physique ou armée à des « violences policières », voire à des « bavures » ». Cependant depuis rien n’a réellement changé.

Cette base de données n’a pas pour vocation à être fermée. Le but est de fournir un travail « interactif et collaboratif » selon le magazine. Il s’agit d’ouvrir ce travail aux premiers concernés et aux victimes de la police. L’opacité des procédures, les mensonges policiers et la couverture des crimes commis par l’institution devraient tous nous convaincre que personne ne nous protège de la police. La multiplication d’initiatives de ce genre est un des outils d’autodéfense face à l’arbitraire policier qui se déchaîne de plus en plus, dans les manifestations comme dans les quartiers populaires.