Le gouvernement a annoncé que le salaire minimum sera majoré, a minima, de 1,2 % en 2020. Au 1er janvier, le Smic s’établira donc à 1539,42 euros brut mensuels (1 219 euros net), un bien piètre record pour célébrer le cinquantenaire du salaire minimum.
Augmentation de la prime d’activité
La ministre du Travail, Muriel Pénicaud, se félicite de cette hausse, qui devrait entraîner un gain de pouvoir d’achat de « 15 euros net par mois pour les 2,3 millions de personnes concernées ».
Mais, pour l’économiste Henri Sterdyniak, cette hausse « tout à fait minime » doit être prise dans une vue d’ensemble : « Le gouvernement, cette année encore, va essayer de réduire les dépenses sociales. Il ne procédera qu’aux hausses obligatoires. Et, compte tenu de l’ensemble des mesures en cours et en particulier les restrictions très fortes sur l’assurance-chômage qui vont jouer à plein en 2020, il n’y aura pas de hausse de pouvoir d’achat cette année ».
Pour pallier la baisse du pouvoir d’achat, le ministre de l’Économie Bruno Le Maire mise plutôt sur une augmentation de la prime d’activité de 90 euros, qui serait « plus efficace » qu’une augmentation du Smic pour combattre la pauvreté. Mais « la prime d’activité est une prestation d’assistance, alors que le Smic est un salaire. Ce dernier reconnaît la valeur du travail, la contribution du travailleur à la production et donne droit à des prestations retraite et chômage », rétorque Henri Sterdyniak. « Augmenter le Smic, c’est aussi augmenter les prestations chômage et permettre aux salariés d’acquérir des droits supplémentaires à la retraite. La prime d’activité, elle, ne donne aucun droit », ajoute-t-il.
« Grosse escroquerie »
Selon l’économiste, l’augmentation de la prime d’activité constitue même une « grosse escroquerie » liée à la réforme des retraites, puisque les pensions seront calculées sur la base de 85 % du Smic, et que « les 85 % en question ne prennent en compte que la valeur du Smic et non celle de la prime d’activité qui, désormais, le complète ».
« Il y a tout un tas de prestations qui sont indexées sur le salaire minimum. Et si les politiques continuent de ne revaloriser que la prime d’activité au détriment des salariés, les niveaux de ces prestations sociales vont automatiquement baisser », prévient Henri Sterdyniak.