Un logiciel pour fouiller dans vos portables

Les commissariats français seront bientôt équipés d’un logiciel Ufed permettant d’extraire les données de vos portables sans votre consentement

Toutes vos données, vidéos, messages etc, y compris chiffrés pourront être fouillé pendant une garde à vue. Cette nouvelle a été annoncée au salon de la sécurité Milipol. La police nationale y a révélé ses nouvelles acquisition en novembre 2019. Ce logiciel s’appelle le « kiosque ». Il permet d’aspirer les données d’un téléphone portable en quelques minutes. Il suffit pour cela de brancher le téléphone à un appareil et toutes les informations deviennent accessible. Des centaines de dispositifs devraient être installés dans l’hexagone. L’objectif est d’en avoir sur tout le territoire d’ici 2024.

Un système imparable

Ces appareils sont ce qu’on appelle des Ufed (Universal Forensic Extraction device) ou appareils d’extraction universel d’investigation numérique. Le cœur du dispositif est le programme permettant d’extraire les données, les appareils peuvent prendre des formes diverses. L’Ufed utilise les failles de sécurité des téléphones portables pour en copier le disque dur. Ceci signifie que toutes les données qui passent par le téléphone sont désormais consultables par les agents. Les messageries chiffrées comme Signal ou Telegram ne font pas exception. Certaines données supprimées peuvent même être récupérées.

Le Kiosque, de l’entreprise Celebrite, a d’abord été testé dans le Pas-de-Calais. On ignore cependant les détails des résultats, la police et la justice ne souhaitant pas communiquer à ce sujet. On sait aussi que ces dispositifs ont été utilisés contre des opposants politiques lors du G7 de Biarritz. Il est donc très clair que ces appareils ont pour finalité d’être utilisés pour tous types d’affaires, y compris pour de la répression politique.

Une généralisation d’un dispositif

La France aurait passé des commandes d’Ufed pour sept millions d’euros, pour un total de 500 kiosque. Le prix laisse pourtant présumer qu’un nombre supérieur pourraient avoir été commandés. Un logiciel similaire aurait d’ailleurs été utilisé contre un des inculpés de l’affaire Tarnac en 2008. Ceci augure mal de l’utilisation politique que le gouvernement en fera contre ceux qui ont le malheur de protester.

Jusqu’à présent le dispositif n’était utilisé que par des services spécialisés. Ce qui change aujourd’hui c’est l’ampleur de l’accès à cet outil de répression. Moins qu’un système nouveau, c’est la simplification d’une procédure qui ravi les agents. Peu de gens semblent se poser les questions d’implication éthique d’un pareil outil. Certains s’inquiètent cependant de l’utilisation de ce système contre des réfugiés. L’outil permettrait de prouver l’identité d’une personne par son téléphone et ainsi affiner la répression. Il est à peine croyable qu’un pareille violation de la vie privée soit considérée comme légale.