Les directions refusant toute négociation, certains salariés grévistes se retrouvent avec une fiche de paye fortement imputée, voire à zéro, et même négative pour certains.
Difficultés à payer le loyer
« Heureusement, la trêve hivernale empêche les expulsions locatives », plaisante Axel, responsable CGT et cheminot trappiste, qui a pu payer son loyer de janvier grâce à « quelques économies », mais ne pourra pas assumer celui de février, ni celui de mars. « Mon salaire de janvier est à moins 600 euros, avec les retenues cumulées. Je touche zéro, le reste sera prélevé les prochains mois », explique Axel, par ailleurs père de deux enfants en bas âge. « Il va falloir qu’on se débrouille, heureusement, cette semaine, il va y avoir la redistribution des caisses de grève, mais au mieux, ça fera quelques centaines d’euros par cheminot gréviste. » Axel va donc devoir s’organiser, « aller dans les supermarchés discount, et ne dépenser que le strict minimum ».
Laurence, technicienne d’Airbus ayant fait grève « à chaque journée nationale de mobilisation », constate, de son côté, une ponction de 573 euros pour le seul mois de janvier, et pour elle, pas question de faire appel à la solidarité des caisses de grève. « Ça, c’est pour les salariés qui ont vraiment fait grève », confie cette responsable CGT d’Airbus à Nantes.
Intransigeance des directions
« En 1995, raconte Olivier, responsable CGT de la branche Bus de la RATP, nous avions négocié que les jours de grève ne soient pas tous prélevés en même temps, mais lissés tous les mois ». Les grévistes avaient donc été ponctionné de deux jours de salaire par mois pendant un an, ce qui leur avait permis de s’arranger. « Mais aujourd’hui, c’est niet. La direction refuse obstinément de négocier à ce sujet », regrette Olivier.
La stratégie des directions est donc claire : aider le moins possible les salariés, pour éviter que la grève ne se prolonge. « La politique de la boîte, c’est tout retenir d’un coup pour nous démotiver », affirme Axel.