Pour compenser des pertes de 141 millions d’euros en 2019, et un chiffre d’affaires en recule de 3,3 % ( 55,5 milliards d’euros ), la marque au losange a déclaré vendredi 14 février ne pas exclure la fermeture de certaines usines.
2 milliards d’euros d’économies
La situation de Renault est d’autant plus inquiétante qu’elle ne va pas aller en s’arrangeant. Le groupe français ne peut par exemple plus compter sur les apports de Nissan, qui lui avaient rapporté 1,2 milliard d’euros en 2018, contre seulement 242 millions d’euros en 2018, le groupe japonais ayant vu son bénéfice net s’écrouler de 87,6 % entre avril et décembre 2019.
« Le marché automobile mondial devrait être en baisse cette année, avec un repli de l’Europe d’au moins 3 %, de la Russie d’environ 3 % et une hausse du marché brésilien de l’ordre de 5 % », prévoit le constructeur. Et à cette conjoncture économique difficile viendront s’ajouter les effets du coronavirus, qui commencent déjà à se faire sentir, notamment sur l’approvisionnement de pièces en provenance de l’usine de Wuhan.
Pour limiter les dégâts, la direction de Renault a donc annoncé un plan d’économie de 2 milliards d’euros sur les coûts de production d’ici à trois ans, incluant de potentielles fermetures d’usines. « Nous n’avons aucun tabou et nous n’excluons rien », a fait savoir la directrice générale par intérim de Renault, Clotilde Delbos.
Méfiance des syndicats
« Cela fait des mois qu’on demande qu’un diagnostic soit fait sur les usines et l’ingénierie. Nous avons eu des non-réponses depuis juillet. Il y a un problème de défiance qui s’est installé. Les semaines à venir vont être compliquées en termes de dialogue social », a prévenu Franck Daoût, délégué syndical CFDT.
« C’est la stratégie habituelle de Renault pour engager des discussions vers un nouvel accord de compétitivité », explique le délégué CGT Fabien Gâche, qui n’est pas dupe : « On souffre du manque de gammes, notamment sur l’hybride, c’est cela qui explique la baisse des ventes. Et l’augmentation des coûts vient aussi de la politique de délocalisation croissante de la production ».
« Le fait qu’il n’y ait rien d’acté est plutôt rassurant. Nous attendrons, les semaines et mois à venir, les négociations qui vont arriver », estime, lui, Guillaume Ribeyre, délégué syndical CFE-CGC.