Selon une étude du Centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie (Crédoc) récemment publiée, 66 % des Français seraient, à un moment ou à un autre de leur vie, touchés par un des six domaines de fragilité : pauvreté, santé, emploi, logement, isolement, relégation territoriale. Un chiffre probablement en dessous de la réalité, l’enquête ne prenant pas en compte les sans-domiciles fixes et les personnes en Ehpad.
« Pas un destin »
Les chercheurs ayant réalisé l’étude ont voulu mettre fin à ces stigmatisations qui sous-entendent qu’être fragile serait un trait prédestiné, car au contraire, ce n’est « pas un destin », et tout le monde peut y être sujet. « La ligne de partage souvent dressée entre, d’une part, les individus maîtres de leurs destins et, de l’autre, des publics dits fragiles semble très largement fantasmée », expliquent les chercheurs.
Selon le Crédoc, la fragilité survient suite à « des moments de la vie, des accidents de parcours, qui peuvent faire basculer une personne dans une situation où l’écheveau des difficultés devient complexe à démêler ». « Le divorce est une cause avérée de surendettement qui lui-même peut conduire au mal-logement, pouvant entraîner des problèmes de santé et, de manière corollaire, d’emploi », détaillent les chercheurs.
Moments de bascule
Le Crédoc estime que pour être efficaces, les politiques publiques de lutte contre la précarité devraient donc se concentrer sur le repérage de ces moments de bascule. « Intervenir trop tard, c’est risquer qu’un élément déclencheur entraîne un enchaînement d’événements beaucoup plus difficiles ensuite à compenser, déstabilisant la vie entière d’un individu en le rendant dépendant », expliquent les chercheurs.
Les politiques publiques devraient également s’intéresser en priorité aux deux catégories de Français les plus affectées, qui « ont en commun la faiblesse du lien social et de l’appui des pouvoirs publics », les célibataires sans enfant (le plus souvent des femmes), et les individus les moins diplômés (inférieur au bac).