Mercredi 4 mars, la majorité a refusé l’ouverture d’une commission d’enquête censée confirmer la viabilité de l’étude d’impact produite par le gouvernement en janvier pour légitimer sa réforme sur les retraites. La proposition de création d’une commission d’enquête avait été déposée par le Parti socialiste, et soutenue par le reste de l’opposition.
« Ralentir la procédure »
Bien que son étude ait essuyé des critiques émanant de toutes parts (opposition, syndicats, et même Conseil d’État), la majorité a, contre vents et marées, refusé la création de cette commission d’enquête. « Ça se murmurait depuis quelques jours dans les rangs de la majorité. On m’avait même dit très clairement : “Nous recherchons les moyens juridiques de vous planter” », explique un député de gauche, sans surprise.
Poussée dans ses retranchements, la majorité a accusé l’opposition d’une fois encore essayer de « ralentir la procédure » pour bloquer la réforme des retraites. « Vous nous avez habitués à plus de rigueur dans vos travaux. J’y vois là la frustration d’un leadership perdu, obligeant votre groupe à observer insoumis et communistes détourner les procédures parlementaires pour pouvoir exister. C’est triste de courir après les extrêmes comme ça », a lancé la députée LaREM Laëtitia Romeiro Dias au rapporteur socialiste à l’origine de la proposition de commission d’enquête, Boris Vallaud.
Il s’agit d’ une « nouvelle manœuvre politique qui n’a qu’un seul but : que la réforme des retraites n’aboutisse pas », a confirmé la députée LaREM Monique Limon.
« Rien à craindre si rien à cacher »
« Je n’ai jamais vu ça, s’est insurgé le communiste Pierre Dharréville. Ce qui est hallucinant, c’est d’avoir refusé la création d’une commission d’enquête sans aucune raison objective. Ils sont en train de faire la démonstration qu’ils ont justement quelque chose à cacher… ». « De quoi ont-ils peur ? Qu’on révèle que leur étude d’impact était insincère et incomplète ? Quand on a peur d’une vérité, c’est qu’on cache un mensonge », insiste Boris Vallaud.
Un avis partagé jusque dans les rangs mêmes de la majorité, par des députés dénonçant l’attitude coupable du gouvernement. « “Rien à craindre si rien à cacher.” C’est à l’aune de cette maxime que j’ai voté ce matin pour la résolution tendant à la création d’une commission d’enquête sur la sincérité, l’exhaustivité et l’exactitude de l’étude d’impact. Mon appartenance à la majorité parlementaire, que je revendique, ne saurait en rien signifier un abaissement du contrôle de l’action gouvernementale », s’est justifiée la macroniste Martine Wonner.