Le droit à l’avortement menacé aux USA

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Le 24  janvier dernier, Donald Trump est devenu le premier président de l’histoire des États-Unis à participer à la « Marche pour la vie », ce rassemblement annuel organisé par les anti-IVG depuis 1974. 

« Contre-révolution féministe »

«   L’enfant à naître n’a jamais eu plus grand défenseur à la Maison-Blanche !   » a clamé Donald Trump à l’occasion de l’événement, faisant des allusions répétées à l’enfant qui grandit, à l’amour et à Dieu, et listant toutes les mesures qu’il avait prises contre l’IVG depuis le début de son mandat.

Un discours fanatique devant une foule en délire, que la sociologue Marie-Cécile Naves inscrit dans un mouvement plus vaste, observable à l’échelle mondiale, qu’elle qualifie de « contre-révolution féministe ». « Dans certains pays, il y a une tentation très forte de réduire l’accès à l’avortement et les droits des femmes en général, explique madame Naves, par ailleurs directrice de l’Observatoire genre et géopolitique de l’Institut des relations internationales et stratégiques (Iris).  Cela relève d’un projet identitaire de consolidation des valeurs chrétiennes, et d’un mythe selon lequel restreindre l’avortement permettrait de limiter l’immigration, les femmes blanches faisant plus d’enfants. »

Mais en réalité, « on s’en prend aux droits des femmes quand on veut maintenir un système en place, des privilèges et un pouvoir masculin », fulmine la sociologue.

Juges suprêmes anti-IVG

Légal au Etats-unis depuis 1973 (et l’arrêt de la Cour suprême Roe versus Wade), l’avortement subit les attaques incessantes des protestants évangéliques et des ultra-catholiques, qui constituent, en outre, le socle de l’électorat de Donald Trump. Des attaques qui ont fini par porter leurs fruits, 17 Etats fédérés ayant pris des mesures anti-avortement en 2019 : parmi eux l’Alabama, qui interdit désormais l’avortement même en cas de viol, et condamne les médecins qui enfreindraient la loi à 99 ans de prison. 

Mais Donald Trump veut aller encore plus loin, en amenant la procédure jusque devant la Cour suprême, pour obtenir l’annulation de l’arrêt Roe versus Wade. Le président américain a, pour cela, nommé deux juges notoirement anti-IVG à la Cour suprême, qui devrait rendre un avis concernant l’avortement en Louisiane, en juin.