Des brutalités policières ont été commises contre de jeunes colleuses d’affiches dans la nuit de samedi à dimanche, lors d’une manifestation nocturne organisée dans le cadre de la Journée internationale des droits des femmes. La plupart ont été reconduites de force jusque dans le métro, alors que d’autres ont été brièvement incarcérées pour « groupement en vue de commettre des dégradations ou des violences ».
Procédures abusives
« Il n’y avait aucune raison de charger, il n’y avait aucun débordement, aucune casse, aucune confrontation avec les forces de police », assurent Alizée, Emma et Valentine, trois colleuses aillant pris part à la marche.
Et à l’argument selon lequel « le tracé de la manifestation n’aurait pas été respecté », avancé par la secrétaire d’État chargée de l’égalité femmes-hommes, Marlène Schiappa, pour justifier les violences policières, les jeunes femmes répondent « Faux ! ». « On s’est fait violenter rue du Faubourg-du-Temple et à République, c’était le parcours prévu par le cortège », expliquent-elles.
Preuve qu’il n’y avait aucune raison de charger, « les gardes à vue ont été levées rapidement », note Me Hanna Rajbenbach, l’avocate des colleuses. « La plupart sont sorties avec un classement sans suite, ce qui souligne bien que l’infraction n’était pas caractérisée. Elles ont été privées de leur liberté pour rien pendant dix-sept heures ! C’est abusif. Je rappelle qu’il s’agit de manifestantes féministes mobilisées pour défendre les droits des femmes. Or elles ont subi des violences physiques et psychologiques », s’emporte l’avocate.
Nombreuses humiliations
Les premières humiliations ont commencé dans la rue, aux yeux de tous, avant de se poursuivre à l’abri des regards, dans les cellules. « On se faisait traiter de salopes, de grosses putes, on nous répétait de fermer nos gueules. On a eu droit à un poétique : “Vous allez bien vous lécher la chatte en cellule, bandes de gouinasses !” », relate Emma.
Mais une fois au poste, la situation ne s’arrange pas, notamment pour Alizée, qui s’est vu refuser de prendre son traitement médical. « On m’a répondu : “Il fallait y penser avant de manifester, tu n’auras pas ton traitement !” Il m’insulte de petite conne. Lui, c’est le roi de l’infantilisation. Ils m’ont tous appelée la nénette, la gonzesse, la petite à lunettes. On m’a même dit : “Tu ne donnes pas envie de faire des gamins !” »