Pour pallier un manque de personnel de plus en plus pressant, La Poste n’a pas hésité à publier des offres d’emploi destinées aux personnes âgées de 57 ans et plus, inscrites à Pôle emploi depuis au moins trois ans.
Assignation en référé
Les offres en question, qui concernent les communes Vaulx-en-Velin, Vienne et Villefranche-sur-Saôn, proposent des contrats de 4 à 6 mois, avec un allongement possible à 36 mois sans délai de carence obligatoire. « Sidérant », selon Yann le Merrer, de la fédération SUD PTT. « Ils veulent recruter des précaires parmi les populations fragiles, alors que les mesures de protection contre le virus sont loin d’être partout présentes et respectées dans l’entreprise », s’insurge le syndicaliste.
SUD PTT a donc assigné La Poste en référé pour l’obliger à prendre ses responsabilités face à l’épidémie de Covid-19, mais celle-ci s’est bornée à répondre que la procédure était tout à fait normale, et que ces offres s’inscrivaient « dans le cadre d’une démarche de recrutement initiée en juillet 2019 ». Et face à l’absentéisme majeur qui sévit dans ses rangs (40 % des effectifs), la direction de La Poste s’est dite impuissante, assurant que « l’employeur n’a pas le droit de collecter des informations sur l’état de santé de ses personnels ».
« Prioriser »
« Tout cela est très opaque » , regrette Eddy Talbot, un autre syndicaliste de SUD PTT, qui dénonce les nouvelles mesures prises par La Poste: « Ils ont réorganisé le courrier en ne distribuant que trois jours par semaine, en n’ouvrant que 1 600 bureaux sur 9 000, mais cela n’a pas été fait en fonction des secteurs essentiels ! »
« On pourrait ne garder que 50 % du personnel, les faire travailler un jour sur deux pour ne conserver que les missions prioritaires comme la distribution de la presse, du courrier, de médicaments et l’accessibilité bancaire. Il faut prioriser, on n’a pas besoin de continuer à livrer des boîtes de chaussures commandées sur Internet ! », suggère la cégétiste Valérie Mannevy.