Confinement : les arnaques sont de sortie

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Si le confinement est une période sensible pour une majorité de Français, certains cherchent à la mettre à profit et ne reculent devant rien pour parvenir à leurs fins. Des escrocs en tout genre rivalisent d’imagination pour détrousser les citoyens apeurés, alors que d’autres pratiques, antérieures à la pandémie de coronavirus, perdurent. Parmi ces dernières, le démarchage abusif.

Pas de répit pour les arnaques. Alors que des millions de Français patientent chez eux dans l’attente d’un hypothétique déconfinement, de petits malins sévissent, bien décidés à tirer profit de cette inédite période de pandémie. Surfant sur l’ennui, la peur du virus, la désinformation, voire sur les élans de solidarité qui jaillissent aux quatre coins du pays, des individus ou entreprises mal intentionnés tentent, par tous les moyens, de flouer des consommateurs rongés par l’anxiété et, sans doute, moins enclins à se méfier que d’habitude.

Arnaques en tout genre

Depuis le début de l’année, plus de 16 000 nouveaux noms de domaine liés au coronavirus ont ainsi fleuri sur le Web, témoignant de l’intérêt, pas toujours philanthrope, que l’épidémie de Covid-19 fait naître chez certains commerçants. Soucieux de leur santé et de celle de leurs proches, les Français sont, de manière compréhensible, à la recherche de solutions leur permettant de se prémunir d’une éventuelle contamination. Masques, gel hydro-alcoolique, médicaments divers et variés sont ainsi devenus, en quelques jours à peine, de véritables produits de luxe, voire de contrebande, leur vente étant sévèrement régulée par les autorités. Une pénurie et une inquiétude que mettent à profit de nombreux arnaqueurs.

Attestations dérogatoires de déplacement facturées au prix fort ; kits de dépistage bidons et payants ; décontamination « obligatoire » des habitations ; médicaments contrefaits, inutiles ou dont la vente est, comme pour le paracétamol, désormais interdite en ligne ; produits ou aliments « miracles » ; faux placements financiers, produits bancaires ou d’assurance : les délinquants s’en donnent à cœur joie depuis les prémices de l’épidémie. Certains vont même jusqu’à organiser de faux contrôles d’attestations de sortie afin de rançonner les citoyens croyant s’acquitter d’une amende « officielle ».

Les autorités mettent en garde les consommateurs

Face à la recrudescence des arnaques, les pouvoirs publics se mobilisent. À l’image de la DGCCRF, qui rappelle que « toute offre de dépistage semblant émaner des services de l’Etat est une arnaque pour obtenir vos données personnelles », que l’achat de paracétamol en ligne peut être dangereux pour la santé et qu’il « n’existe pas à ce jour de vaccin, d’aliments, de purificateurs d’air, de lampes, de compléments alimentaires ou encore d’huiles essentielles qui protègent ou permettent de guérir du Covid-19 ». L’AMF et l’ACPR, les gendarmes de la Bourse, ont quant à elles mis en garde les épargnants contre les offres de placements « refuges » trop alléchantes.

La vigilance est également de mise dans tous les territoires de l’Hexagone, comme en témoigne l’alerte émise, le 18 mars, par un hôpital de Bergerac contre « des appels malveillants » passés à des personnes âgées au nom de l’institution. À Béziers, la Police nationale a mis en garde les citoyens contre « des individus se faisant passer pour des policiers » et vendant des attestations de déplacement 5 euros pièce. Et, à Ahun, petite commune de la Creuse, le maire a dû alerter ses administrés contre des individus se réclamant du supermarché local, proposant aux personnes âgées de leur porter leurs courses – service que l’entreprise ne propose pas.

Le Médiateur de l’énergie veut « frapper fort » contre le démarchage

Appels intempestifs, propositions malhonnêtes, visites impromptues au domicile de personnes vulnérables : contre toute attente, le démarchage – physique ou téléphonique – n’a en aucun cas ralenti depuis le début du confinement. Véritable fléau des temps modernes, la pratique est loin d’être l’apanage d’individus crapuleux ou de louches sociétés, comme en témoignent la condamnation, en 2019, de l’énergéticien Engie à 900 000 euros d’amende, ou celle, en février 2020, de l’entreprise Eni à 315 000 euros. Les deux groupes ont, notamment, été condamnés pour non-respect du droit de rétractation après que des téléopérateurs aient démarché de futurs clients par téléphone.

Conscient des dérives liées au démarchage dans ce secteur récemment ouvert à la concurrence, le nouveau Médiateur de l’énergie, Olivier Challan Belval, se prononce pour l’interdiction pure et simple du démarchage à domicile. Se disant « frappé par le nombre de consommateurs (lui signalant) des abus de toutes sortes », le Médiateur « estime qu’il est nécessaire de frapper fort afin que les sociétés qui encouragent des pratiques malhonnêtes ne puissent plus nuire au marché de l’énergie ». Un volontarisme bienvenu, qui fait écho à la pétition lancée par l’association UFC-Que Choisir demandant « aux pouvoirs publics d’interdire purement et simplement » le démarchage. L’appel sera-t-il entendu par le gouvernement ?