Lors de son allocution télévisée du 14 juillet, le président de la République Emmanuel Macron a offert la possibilité aux étudiants qui le souhaitent de continuer leurs études plutôt que d’entrer sur un marché de l’emploi déjà saturé. Hélas, les écoles n’ont pas les moyens des ambitions du président.
200 000 places vont être créés « dans des formations qualifiantes supérieures pour permettre à un jeune qui n’a absolument aucune issue, aucune perspective d’embauche, de poursuivre un peu ses études, avec un accompagnement social », promettait monsieur Macron.
Intéressant pour certains étudiants
Parmi les quelques 700 000 jeunes qui doivent entrer sur le marché du travail à la rentrée, certains étudiants trouvent l’idée de rempiler intéressante. Diane, jeune diplômée d’un master 2 en relations internationales, a par exemple choisi de prolonger ses études de deux ans.
« Je considérais l’idée de continuer mes études avant la crise, mais c’est sûr que le Covid a accéléré ma réflexion. C’est une source d’inquiétude, ça va être plus difficile d’entrer sur le marché du travail, explique la jeune femme. Ce semestre, j’ai effectué mon stage de fin d’études dans une collectivité locale, mais avec une partie en télétravail, je n’ai pas pu faire toutes les choses prévues à l’origine. J’ai peur que ça ne me porte préjudice, que je ne sois pas assez formée pour trouver un emploi tout de suite. »
Infaisable selon les profs
De leur côté, les enseignants, qui savent qu’ils n’ont pas les moyens d’accueillir 200 000 étudiants supplémentaires, sont sceptiques. « Nous n’avons déjà pas les moyens d’accueillir les nouveaux bacheliers qui vont commencer leurs études à la rentrée, prévient Anne Roger, cosecrétaire générale du Snesup-FSU, syndicat des enseignants du supérieur. Le danger est que, faute de ressources, on brade les formations en balançant les étudiants en stage dans des entreprises, sans plus de théorie. Ce qu’on réclame, c’est le plus haut niveau de formation pour tous ».
« Il nous faut plus de moyens, au moins pour couvrir les frais d’inscription qui représentent entre 6 000 et 7 000 euros par élève. Mais il nous faut aussi un plan massif d’embauche d’enseignants titulaires et non pas contractuels, et bien sûr plus de mètres carrés pour accueillir tous les étudiants », précise la syndicaliste.