L’aéronautique en difficulté dans la Somme

aéronautique, emploi

Les déboires d’Airbus et de Dassault commencent déjà à se répercuter sur leurs sous-traitants et pourraient déstabiliser un département comme la Somme, très dépendante du secteur aéronautique.  

Airbus veut réinternaliser

Outre les 5 000 postes qu’Airbus compte supprimer en France, une rumeur circule selon laquelle l’avionneur européen souhaiterait réinternaliser une partie de son activité, ce qui ruinerait certains de ses sous-traitants. Parmi eux Simra, basé à Albert, dans la Somme, qui construit des planchers d’avion et des cockpits.

Inquiets de leur sort, et exigeant des garanties, les salariés de Simra ont entamé une grève jeudi 20 août. « Airbus a bien l’intention de récupérer tout ce qu’on produit actuellement, assure Hervé Guillerme, de la CGT.  Au 31  décembre, nous n’avons plus de charge de travail : 75  % de notre chiffre d’affaires dépend de Stelia (filiale d’Airbus), qui compte arrêter les commandes à la fin de l’année. Le reste provient de Dassault, qui nous a informés de la même chose. »

« Vu les conditions proposées, je ne vois pas bien ce qu’on va négocier, regrette le syndicaliste.  La direction nous parle d’un chèque de 1 000  euros par année d’ancienneté, sans plan de reconversion. Cela revient à nous donner les indemnités de licenciement légales, sans un euro de plus ! Dans ce cas-là, autant mettre en œuvre un plan de sauvegarde de l’emploi… Mais la direction ne veut pas en entendre parler, car c’est bien plus contraignant pour eux qu’une rupture conventionnelle collective (RCC). »

Risque de fracture sociale

Outre Simra, c’est toute une région qui risque de voir son équilibre social s’effondrer, car même si le secteur aéronautique y est moins développé qu’à Toulouse, il y représente tout de même plusieurs milliers d’emplois. « En réalité, le bassin d’emploi d’Albert dépend presque intégralement des commandes d’Airbus, explique le secrétaire général de l’union départementale CGT de la Somme, Kévin Crépin. Stelia, c’est 1 200 emplois permanents et jusqu’à 600 intérimaires. Et derrière, de nombreuses usines vivent des commandes de l’avionneur : Laroche, Blondel, 3A,  etc … »

« Les salariés sont des ouvriers qualifiés spécialisés dans l’aéronautique qui auront beaucoup de mal à retrouver du boulot ailleurs, surtout dans le contexte actuel, poursuit le syndicaliste. Si on laisse ces entreprises licencier, on condamne des centaines de personnes au chômage de longue durée. Sans compter les répercussions d’éventuelles fermetures sur le commerce local. À terme, cela peut faire mourir une ville comme Albert. »