Alors que le gouvernement traîne à faire appliquer la taxe Gafa, en raison des pressions exercées par Washington, les géants du web ont d’ores et déjà pris les devants, en répercutant le coût de cet impôt sur leurs clients.
Sanctions douanières de 2,4 milliards d’euros
Le projet de loi, voté en juillet 2019, visant à taxer de 3 % le chiffre d’affaires déclaré en France des Gafa, n’est, un an plus tard, toujours pas appliqué, en raison de la menace américaine de taxer certains produits français à hauteur de 2,4 milliards d’euros.
« Nous étions à quelques centimètres d’un accord sur la taxation des géants du numérique, qui sont peut-être les seuls au monde à avoir tiré d’immenses bénéfices du coronavirus », dénonçait il y a quelques mois le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire. « Il y aura une taxation du numérique dans, je l’espère, les mois qui viennent », a-t-il réitéré vendredi dernier.
Répercussion sur les clients
Pour pallier ce prélèvement fiscal annoncé, Apple, par exemple, a décidé de ponctionner davantage les entreprises françaises qui vendent des applications sur l’Apple Store. Google a annoncé une hausse similaire de ses prix, conditionnant tout de même son application en France à celle de la taxe Gafa, et Amazon a décidé de répercuter le coût de la taxe sur ses vendeurs tiers. « Nous opérons dans le secteur très concurrentiel et à faible marge du commerce de détail et nous ne sommes pas en mesure d’absorber une taxe supplémentaire sur le chiffre d’affaires », s’est justifiée l’entreprise de vente en ligne.
Une défense aussitôt démontée par Attac, selon qui de telles mesures n’auraient « pas été possibles si ces entreprises avaient été réellement en concurrence et devaient veiller à maintenir leur compétitivité ». « Cela révèle leur incroyable pouvoir et les abus de position dominante que cela occasionne. Et pose plus que jamais la question du démantèlement des Gafa, tellement gros sur le marché qu’ils peuvent fixer unilatéralement leurs propres règles et les imposer à leurs clients », dénonce le porte-parole de l’association, Raphaël Pradeau.