En juin dernier, le président de la République, Emmanuel Macron, avait déclaré que la France devait retrouver une certaine « souveraineté médicamenteuse », notamment en rapatriant une partie de la production de paracétamol en France.
Deux fois plus cher que le paracétamol chinois
Le site de Roussillon, en Isère, dernière usine européenne de fabrication d’acétaminophène (Apap), la matière active du paracétamol, a fermé en 2008. Produisant un paracétamol à 4 euros le kilo, l’usine ne pouvait plus rivaliser avec ses concurrents chinois, et leur paracétamol à 3, voire 2 euros le kilo.
C’est du moins ce qu’avait conclu le propriétaire de l’usine, le groupe Rhodia, avant de fermer le site. Une décision remise en cause par la CGT, qui assure que cette différence de prix est à relativiser. « Aujourd’hui, même avec des prix des cachets en baisse, la part de la matière active reste très faible dans vos cachets de paracétamol, au maximum, de 2 % à 2,5 % du prix total payé par le consommateur en pharmacie, explique la Fédération nationale des industries chimiques (Fnic) CGT. Délocaliser en Chine a fait gagner 25 % sur le coût de la matière active, ce qui revient à un gain de moins d’un centime par boîte. Pas de limite à la rapacité des actionnaires ! ».
Méfiance de la CGT
Relocaliser garantirait un processus de production « plus protecteur de la santé des salariés comme de l’environnement », affirme Bernard Ughetto, référent de la Fnic CGT. Toutefois, bien que ce projet ne semble présenter que des avantages, la CGT reste méfiante quant à l’utilisation des 200 millions d’euros alloués par l’exécutif pour permettre cette relocalisation.
« Alors que Rhodia a déjà ponctionné l’argent public, prétextant des difficultés financières à l’époque, pour délocaliser la production, les acteurs privés d’aujourd’hui, parmi lesquels Seqens, propriétaire actuel des installations en Isère, pourraient bien être tentés de réclamer à nouveau de l’argent public, cette fois-ci pour relocaliser ce qu’ils avaient délocalisé auparavant, prévient la Fnic. Pourtant, ce groupe est énorme, son chiffre d’affaires est supérieur au milliard d’euros et les besoins en financement pour relancer la production d’Apap à Roussillon sont faibles pour un géant pareil, de l’ordre de 50 millions d’euros ».