Vint-quatre heures seulement après l’annonce d’un reconfinement par Emmanuel Macron, les personnels de la grande distribution n’en peuvent déjà plus.
« Scènes de pillages »
Le premier confinement n’ayant apparemment pas servi de leçon à tout le monde, les magasins français ont fait l’objet, jeudi, d’une véritable déferlante sur les denrées alimentaires de base, et ont été le théâtre de cohues, voir d’émeutes. « On est en train de crever en magasin, s’alarme Patrick Ait-Aissa, cégétiste de l’hypermarché Carrefour d’Aix-en-Provence. Ça fait vingt-deux ans que je travaille, je n’ai jamais vu autant de monde en caisse. »
« On n’a pas de bras, on est en sous-effectifs, il n’y a pas assez de vigiles, explique Marie-Christine Harribar, de la CGT Monoprix. Résultat, il y a déjà quasiment des scènes de pillage. Au supermarché dans lequel je travaille, il n’y a un vigile qu’à partir de 16 h 30, résultat il n’y a personne pour rappeler à l’ordre les clients qui ne mettent pas leur masque, ajoute la cégétiste. Et comme nous sommes en sous-effectifs en caisse, les gens font la queue jusque dans les allées, sous le nez des collègues qui doivent s’occuper de remettre des produits en rayon. »
Pas de régulation des clients
La situation est d’ailleurs pire que lors du premier confinement, car il n’y a plus de régulation des clients, qui se retrouvent entassés les uns sur les autres. « Les gens se rendent compte qu’ils sont traités comme du bétail et les tensions montent. Et encore une fois, ce sont les caissières qui se retrouvent en première ligne face à l’exaspération des clients », déplore Patrick Ait-Aissa.
Manque de protection
Au-delà de la grande distribution, ce sont les livreurs de repas à vélo qui sont les plus touchés. Leurs livraisons augmentent considérablement avec le confinement, alors qu’ils ne disposent pas de l’équipement de protection de base. « Globalement, Deliveroo a envoyé une quinzaine de kits de protection made in China par ville où il y a 300 livreurs, regrette Jérôme Pimot, porte-parole du Clap (Collectif des Livreurs Autonomes de Paris). Ils sont déjà usés jusqu’à la corde avec le couvre-feu, on s’attend à ce que ce soit au moins aussi dur, surtout que le confinement permet aux plateformes de se faire des coups de com à bon compte. Pensez à leur donner des pourboires, parce que les applaudissements, ça va cinq minutes ».