Amazon, qui profite des mesures du gouvernement imposant la fermeture des commerces de proximité, est le grand gagnant de cette crise, mais ses employés, eux, en sont, sans conteste, les perdants.
Consignes de sécurités inapplicables
Pour soulager ses employés, et répondre à la demande toujours croissante des consommateurs, Amazon embauche à tour de bras, quitte à rendre caduques certaines consignes de sécurité. « On est 2 000 CDI et déjà 3 000 intérimaires sont arrivés à Lauwin-Planque, explique le syndiqué FO Christophe Bocquet. On en attend 300 de plus d’ici au 15 novembre. »
En effet, en augmentant le nombre de salariés, Amazon réduit de facto la distance entre eux. Les problèmes liés à la proximité sont donc nombreux, aussi bien dans les files d’attente des employés, qu’en rayon. « Tous les matins à l’embauche, la file d’attente pour entrer dans l’entrepôt s’étend sur plus de 500 mètres, comment voulez-vous respecter les distances de sécurité ? » s’emporte un élu Solidaires du site de Saran, dans le Loiret.
Et comme les vestiaires des entrepôts ne permettent pas de respecter les 2 mètres de distance exigés par Amazon, « on se met en tenue sur le parking, nos affaires disposées dans des sacs transparents qu’on garde avec nous pendant toute notre journée de travail », témoigne Christophe Bocquet.
De l’illogique à l’absurde
Pour limiter les besoins en personnel, il « serait logique de ne traiter que les commandes de produits essentiels, mais la direction nous a clairement dit que nous n’étions pas concernés », regrette Harold Propin, élu CGT d’Amazon Chalon-sur-Saône. De plus, « Amazon a l’air d’avoir déjà négocié avec le gouvernement. Ils limitent la propagande sur le Black Friday, mais il n’y aura pas de réduction d’activité », déplore un élu Solidaires.
Mais au-delà de l’illogique, cette surpopulation mène à l’absurde. « On va vers des conflits générés par des situations ubuesques. Comme on doit être un seul par allée, lorsqu’on doit aller chercher un produit là où il y a déjà un collègue, on se retrouve face à un risque de sanction. Soit parce qu’on ne respecte pas les consignes de sécurité, soit parce qu’on attend que l’autre parte », explique Christophe Bocquet.