Le télétravail peine à se généraliser 

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Bien que la ministre du Travail, Elisabeth Borne, ait rappelé l’obligation de passer au télétravail total dès que cela était possible, de nombreux employeurs font de la résistance.

Secteur privé particulièrement touché

« Je travaille comme consultant interne dans une banque. Nous continuons à fonctionner suivant le protocole mis en place début juin : notre équipe, divisée en deux, est une semaine en présentiel, la suivante en distanciel. Mon activité est pourtant totalement réalisable en télétravail, je suis très bien installé, je dispose d’une pièce bureau à la maison et d’un équipement informatique de très bonne qualité », témoigne un certain Olivier.

Il en va de même pour le secteur du recrutement, ou une employée d’une agence d’intérim, ayant ici souhaité conserver l’anonymat, n’a, par exemple, pas droit au télétravail. « Normalement, les agences ne sont accessibles que sur rendez-vous, ce n’est pas le cas. Les gens entrent comme dans un moulin. J’ai des collègues qui ne portent pas leur masque. Résultat, je me calfeutre dans mon bureau et je réalise des rendez-vous en visio. Je pourrais tout à fait faire la même chose de chez moi », déplore la jeune femme.

Certains expliquent cette réticence des patrons par un véritable choc des cultures. « Alors que la moyenne d’âge des salariés ne dépasse pas les 30  ans, le PDG fondateur de notre bureau d’études a 80  ans. Opposé au télétravail, il a le sentiment que, si nous ne sommes pas à la société, nous ne travaillons pas », explique une dénommée Aurélie.

Fonction publique non épargnée

Dans la fonction publique également, le télétravail peine à s’imposer. « Le nouveau maire refuse par principe le télétravail », dénonce une cadre de la municipalité concernée. Une situation loin d’être une exception, selon Didier Bourgoin, secrétaire national de la Fédération syndicale unitaire (FSU). « Il ne s’agit pas de petites communes rurales mais de collectivités territoriales de grande taille, conseils départementaux, villes de la banlieue parisienne… », précise-t-il.

Les difficultés liées au télétravail remontent même jusqu’à l’Etat, qui manque cruellement de moyens en la matière. « Nous souffrons d’un retard énorme dans l’équipement des agents. À peine 18  % des agents travaillant dans les services pénitentiaires d’insertion et de probation (Spip) bénéficient d’un ordinateur avec les applications métier indispensables, ce sont principalement des cadres », relève Élise Labbé, secrétaire nationale du Snepap-FSU.