Les ministres des Affaires étrangères des pays membres de l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN) se sont réunis en visioconférence mardi 1er et mercredi 2 décembre, pour discuter des nouveaux défis de l’organisation.
« Puissance malveillante »
Cette rencontre a été l’occasion pour le secrétaire général de l’OTAN, le norvégien Jens Stoltenberg, et l’ambassadrice américaine, Kay Hutchison, de recentrer l’organisation sur sa véritable mission, contenir l’ogre russe.
« La Russie modernise son arsenal nucléaire et déploie de nouveaux missiles. Elle déploie plus de forces dans notre voisinage, du Grand Nord à la Syrie ou la Libye », a rappelé monsieur Stoltenberg avant la réunion. Une inquiétude partagée par les militaires français. « La Russie opère un grand retour avec une nouvelle génération de sous-marins nucléaires d’attaque très performants, prévenait le chef d’état-major de la marine nationale, Pierre Vandier, en octobre. Elle procède à des démonstrations de force très régulières, notamment en Méditerranée orientale, et à des investissements lourds sur la base militaire de Tartous en Syrie et dans des bases arctiques ».
L’ambassadrice américaine auprès de l’OTAN, Kay Hutchinson, est, elle, allée jusqu’à qualifier la Russie de puissance « malveillante ». « Nous nous assurerons que notre dissuasion et notre défense correspondent à ce dont nous avons besoin pour garantir que l’influence de la Russie n’empiète sur aucun de nos alliés ni aucun de nos partenaires », a-t-elle prévenu.
Toute puissance de la Turquie
La Russie n’est pourtant pas la seule menace pour l’alliance, qui se retrouve déstabilisée de l’intérieur par Ankara. En effet, de par l’importance des forces armées qu’elle met à disposition de l’OTAN, la Turquie se sait intouchable au sein de l’organisation. Elle ne redoute d’ailleurs pas plus l’Union européenne, qui dépend d’elle pour bloquer le flux de migrants venus de Syrie. Cette dépendance explique la position isolée de la France (seuls 7 pays sur 30 avaient soutenu Paris lors de son altercation avec Ankara), et la timidité des sanctions européennes contre la Turquie.
Exemple de l’excès de confiance turc, le discours, en juillet, de l’ambassadeur de Turquie en France, Ismaïl Hakki Musa, devant la commission des Affaires étrangères et de la Défense du Sénat : « Imaginez l’OTAN sans la Turquie ! Vous n’aurez plus d’OTAN ! Il n’y aura plus d’OTAN sans la Turquie ! Vous ne saurez pas traiter l’Iran, l’Irak, la Syrie, la Méditerranée au sud, le Caucase, la Libye, l’Égypte. »