Sanofi : Retard prévisible d’après la CGT

Sanofi, CGT

L’annonce du géant pharmaceutique français prévenant que son vaccin ne serait pas disponible avant décembre 2021 n’a pas surpris la CGT, qui met en cause une lente, mais certaine, destruction de la recherche et développement (R&D) depuis des années.

Tout reprendre à zéro 

Au-delà de son développement, le vaccin de Sanofi était d’ores et déjà en retard par sa nature. En effet, alors que ses concurrents ont, pour la plupart, fait le choix de la technologie de l’ARNm (acide ribonucléique messager), le groupe français a préféré faire un vaccin protéinique. « On fait un vaccin protéinique à l’ancienne, quand nos concurrents utilisent la technologie de l’ARNm. On a raté le coche », se lamente Fabien Mallet, coordinateur adjoint de la CGT chez Sanofi.

« Est-ce qu’il y a eu une bonne coordination entre les acteurs ? interroge Thierry Bodin, un autre représentant CGT. Ce n’est pas normal qu’on en arrive à ce qu’il y ait eu un manque de concentration d’antigènes. Il y a eu un dysfonctionnement ».

Fabien Mallet rappelle également que les groupes pharmaceutiques ont bénéficié d’une procédure de développement accélérée pour cette première phase, qui ne sera certainement pas reconduite. « Sachant que d’autres vaccins sont autorisés, il n’y aura plus d’urgence. Il faudra donc compter un an, un an et demi », explique le syndicaliste. 

«  C’est trop cher  »

La CGT met en cause la stratégie financière du groupe, qui a refusé d’investir dans l’ARNm, et la R&D en général, préférant soigner ses actionnaires ( 4 milliards de dividendes distribués en avril). Sanofi a même eu l’opportunité de racheter Moderna il y a trois ans, mais son PDG a refusé, estimant que c’était «  trop cher  », et que «  l’ARNm ne servira jamais  ». C’est pourtant « un énorme pas, hyper important, à passer. L’ARNm ne sert pas que pour une pandémie, mais aussi pour des vaccins qui sont déjà là », explique Fabien Mallet.

« On a de bons chercheurs, mais pas en nombre suffisant, pas à jour sur les nouvelles techniques. Et ils doivent faire face à des réorganisations permanentes, de nouveaux outils de suivi de la performance… Un chercheur a besoin de stabilité, prévient le cégétiste. Une entreprise pharmaceutique qui ne met pas d’argent dans la recherche est morte. »