La semaine passée, des informations ont fuité concernant la rencontre, en octobre dernier, de Bruno Roger-Petit, conseiller « mémoire » d’Emmanuel Macron, et de Marion Maréchal. L’Elysée s’est justifié en évoquant une « démarche personnelle » du conseiller.
« Je voulais savoir ce qu’elle avait à dire et si elle était en résonance avec l’état de l’opinion, ce qui n’est pas le cas », a expliqué le principal intéressé, sans convaincre.
Hold-up sur la droite conservatrice
La stratégie électorale de La République en marche se rapproche de celle du Rassemblement National sur de nombreux points, car les deux partis tentent de faire main basse sur la droite de la droite, « mais ne nous y trompons pas, le chef de l’État ne cherche pas à séduire l’électorat de Marine Le Pen (qu’il sait acquis à sa cause), ou à affaiblir cette adversaire », précise le politologue, directeur de recherche au CNRS, Luc Rouban.
« L’objectif est plutôt de vampiriser celui de François Fillon en 2017, la droite conservatrice de LR qui aime l’autorité, et peut être sensible au discours identitaire de Marion Maréchal », ajoute le politologue. Car Emmanuel Macron « se dit qu’il sortira forcément vainqueur d’un nouveau duel contre » Marine Le Pen. Il mise donc sur elle pour s’imposer à l’issue du second tour, en apparaissant comme « le seul rempart crédible à l’extrême droite », affirme Luc Rouban.
« Etouffer toute opposition »
Mais pour s’assurer du passage de Marine Le Pen au second tour, LaREM ne se contente pas de vampiriser la droite, et « veut en réalité étouffer toute opposition, de gauche particulièrement, en se reposant sur des sujets sécuritaires, pour ne pas parler du reste, des conséquences de la crise en particulier. Car le président sait bien, au vu de la crise qui va encore s’amplifier, que sur ce terrain il est disqualifié, assure Ian Brossat, porte-parole du PCF. Il nous faut donc remettre le débat sur de bons rails en imposant la question économique et sociale au centre. C’est aberrant qu’au moment où la France compte 10 millions de pauvres, elle en soit réduite à débattre de Pétain et de Maurras… »