Le moral des Français est au plus bas 

confinement, santé mentale

Les confinements et couvre-feux successifs pèsent lourdement sur la santé mentale des Français, quel que soit leur âge. Certains ont des idées noires, tandis que les experts s’accordent à dire que ce mal pourrait avoir des conséquences à long terme.

Aucune génération n’est épargnée

« On reste cloîtrés, dans l’attente… », se lamente Hélène, 82 ans, consciente, tout de même, de sa chance de disposer d’un jardin. «  Tout le monde semble avoir peur, les masques nous privent du sourire des autres », déplore l’octogénaire. 

Lola, soixante ans de moins, tient approximativement le même discours.  « La même journée se répète à l’infini, ce qui me plonge dans une profonde solitude. Aujourd’hui, j’ai l’impression d’être restée confinée dans ma tête », explique l’étudiante. « Cette crise qui nous écarte des rapports sociaux, cette incertitude permanente du futur, nous imprègne au plus profond », assure-t-elle.

Risque de suicide

Lionel, danseur, parle lui d’une «  petite mort  ». « Beaucoup de mes collègues danseurs ont sombré dans la dépression. Le corps, c’est notre moyen d’expression, de communication. Alors là, c’est comme si nous plongions inéluctablement vers une petite mort », affirme-t-il.

Mais au-delà de la métaphore, le risque de mort est bien réel, 29  % des 18-25 ans évoquant des pensées suicidaires (Ipsos). Rien d’étonnant selon la psychologue Alice Bauer, qui décrit une situation « cauchemardesque », « avec ce mélange de solitude, de découragement et de culpabilité ».

Conséquences à long terme 

Et comme si cela ne suffisait pas, des chercheurs ont révélé que cette situation pourrait affecter le cerveau à long terme. « Lorsqu’on soumet un cerveau à un stress aigu, il s’en accommode bien. Mais, aujourd’hui, les enfants et les adolescents sont face à un stress chronique, avec des effets très délétères sur la maturation cérébrale », explique Grégoire Borst, docteur en neuroscience.

« Actuellement, des millions de cerveaux d’enfants et d’adolescents sont livrés à ce stress chronique permanent. Nous sommes peut-être à la veille d’une crise psychologique majeure qui va se potentialiser sur plusieurs années », prévient-il.