A compté de mardi 2 février, le tribunal du Puy-en-Velay tentera de déterminer à qui incombe la responsabilité d’un accident ayant coûté la vie à un formateur forestier en 2016. Le stagiaire ayant causé l’accident et le lycée agricole sont poursuivis pour homicide involontaire.
Responsabilité partagée
Les faits remontent au 22 septembre 2016. Yoan Bérodot, formateur forestier au centre de formation professionnelle et de promotion agricole (CFPPA) de Saugues (Haute-Loire), trouvait la mort, frappé par un pin mal coupé par l’un de ses élèves. La responsabilité seule de l’élève avait alors été engagée, impensable pour les syndicats et l’avocat de la famille.
« Depuis trois ans, nos deux organisations syndicales, la CGT agri et le Snetap-FSU, se sont engagées pour soutenir la famille de notre collègue décédé mais aussi pour empêcher que le débat ne se réduise à la recherche de la seule responsabilité du stagiaire adulte, accusé d’homicide involontaire », plaident les syndicats. L’avocat de la famille abonde. « Est-ce qu’on peut reprocher à quelqu’un qui n’était qu’élève bûcheron que depuis quinze jours d’avoir mal coupé un arbre ? » souligne-t-il.
Manque de moyens
« On savait qu’un accident mortel allait arriver, on dénonçait des manquements au ministère de l’Agriculture depuis des années, rappelle le secrétaire national de la CGT agri, Thomas Vaucouleur. Cela faisait six mois que les collègues demandaient des casques équipés de radio pour pouvoir communiquer malgré le bruit des machines. Ils ne les ont obtenus qu’après l’accident ».
« C’est tout le temps un combat, témoigne François, contractuel dans un lycée agricole. Cette année, j’ai une classe de seconde où ils sont 24. Même en faisant des demi-groupes, je me retrouve seul avec 10 à 13 élèves. Si je dois les mettre à 15 mètres les uns des autres, c’est ingérable. Depuis quatre ans que je suis là, je transpire ».
« La législation s’est plutôt renforcée ces dernières années. Pas les moyens alloués aux établissements, regrette Olivier Bleunven, secrétaire général du Snetap-FSU. La mort de Yoan Bérodot aurait dû constituer un électrochoc, mais ça ne l’a pas été, rien n’a changé ».