Le modèle HLM pris pour cible

logements sociaux

Bien qu’ils soient un rempart à la précarité, les logements sociaux sont régulièrement boudés par l’Etat et les élus locaux, qui leur préfèrent souvent des logements aux loyers plus élevés. 

«  Le logement social est nécessaire  »

« On a bien vu que [le logement social] joue un rôle d’amortisseur. Il loge 5  millions de personnes, qui, au moins, ont un logement correct avec un loyer modéré, quand elles sont confrontées à une baisse de revenu », rappelle Manuel Domergue, membre de la Fondation Abbé-Pierre. « Ils sont les seuls à pouvoir jouer ce rôle. Le secteur privé ne fait pas du tout ça », abonde Pierre Madec, de l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE).

« En moyenne, à caractéristiques similaires, les locataires du parc social s’acquittent de loyers 40  % inférieurs à ceux du privé », illustre l’Union sociale pour l’habitat (USH), qui chapeaute le réseau HLM. « En Île-de-France, le logement social est nécessaire et correspond aux besoins de la population, et pas seulement pour les plus pauvres, parce que les loyers pratiqués y sont deux à trois fois moins chers que dans le privé », rappelle Jean-Luc Vidon, président de l’association régionale HLM Île-de-France.

Indifférence de l’Etat

Mais cette nécessité de produire et fournir des logements sociaux semble totalement échapper à l’Etat, qui ne cesse de diminuer le budget et les aides allouées au secteur. « En Île-de-France, la production baisse depuis quatre ans, et le nombre d’agréments pour 2021 a même chuté de 30  %. Nous sommes pourtant dans une région où, depuis plusieurs années, nous n’arrivons plus à répondre à la demande de logements abordables, qui continue de croître. Cette année, sur 750 000 demandes actives, nous n’avons pu faire que 59 000 attributions », regrette Jean-Luc Vidon.

« La crise éclaire rétrospectivement la politique de ce gouvernement qui n’a rien fait pour le logement social et l’a même fragilisé avec des mesures désastreuses », déplore Ian Brossat,  adjoint PCF à la Mairie de Paris. Les organismes sociaux «  sont de plus en plus obligés d’utiliser leurs fonds propres pour compenser la baisse de l’aide publique. Mais, moins ils ont de fonds propres, moins ils peuvent construire », pointe Pierre Madec.