Mardi 16 mars, Boris Johnson a présenté devant le parlement la revue stratégique en matière de sécurité, de défense et de politique étrangère, prévoyant une augmentation de 45% du stock britannique d’ogives nucléaires. Leur nombre devrait donc passer de 180 à 260 (contre 300 pour la France, 2 700 pour la Russie, et 4 000 pour les Etats-Unis).
Menaces russe et chinoise
Boris Johnson a expliqué ce revirement par une « gamme croissante de menaces technologiques et doctrinales », citant sans détour les menaces chinoise et russe. Le ton du Premier ministre pour dépeindre les deux puissances nucléaires était toutefois sensiblement différent.
En effet, selon Boris Johnson « la Chine contribuera davantage à la croissance mondiale que tout autre pays au cours de la prochaine décennie, ce qui aura des avantages pour l’économie mondiale ». Autrement dit, c’est un partenaire stratégique avec qui il faut entretenir le dialogue, tandis que la Russie est tout simplement « la menace la plus aiguë pour notre sécurité ».
« Parce que les circonstances et les menaces changent avec le temps, nous devons maintenir un niveau minimal et crédible de dissuasion », s’est justifié le ministre des Affaires étrangères, Dominic Raab, mardi, sur la BBC.
Vent de protestation
« Le Royaume-Uni aggrave intentionnellement la situation de la sécurité internationale avec cette décision », affirme Beatrice Fihn, directrice de l’ICAN (Campagne internationale pour l’abolition des armes nucléaires. Selon elle, cette augmentation du « stock d’armes de destruction massive en plein milieu d’une pandémie est irresponsable, dangereux et viole le droit international ».
Pour la députée travailliste Lisa Nandy, « la revue stratégique est truffée d’incohérences et de contradictions. Il y a un fossé béant entre les paroles de ce gouvernement et son action », et le directeur du Projet sur l’information nucléaire pour la Fédération des scientifiques américains, Hans Kristensen, assure, lui, que cette décision « mettra la Grande-Bretagne en violation de ses obligations, en vertu de l’article 6 du traité de non-prolifération ».