Mis en examen vendredi pour « prise illégale d’intérêts », Eric Dupond-Moretti devrait rester en poste. Le garde des Sceaux a en effet toute la confiance du Président de la République, qui avait pourtant promis un gouvernement « exemplaire » lors de sa campagne de 2017. « Dans le principe, un ministre doit quitter le gouvernement quand il est mis en examen », affirmait-il alors.
« Manœuvres politiques »
En arrivant à la Cour de Justice de la République vendredi, Eric Dupond-Moretti avait le sourire aux lèvres. « Le ministre de la Justice n’est pas au-dessus des lois mais il n’est pas non plus en dessous », déclarait-il, serein, dénonçant les « manœuvres politiques » de quelques magistrats mal intentionnés.
« Il est mis en examen, il a une situation de présomption d’innocence, il n’a aucune raison de bouger », a rappelé son avocat, maître Cousi, après l’interrogatoire; un avis partagé par Jean Castex. Cette procédure n’impactant en « rien le cadre normal d’exercice des prérogatives ministérielles du garde des Sceaux, le premier ministre lui demande de poursuivre l’action de réforme et de confortement des moyens accordés au service public de la Justice », a réagi Matignon dans un communiqué.
« La justice est une autorité, pas un pouvoir. Je ne laisserai pas la justice devenir un pouvoir. La justice ne se fait pas dans la presse. (…) Je suis le gardien de nos institutions et des équilibres de notre Constitution », a de son côté fait savoir Emmanuel Macron.
Désaccord de la gauche
Pour la gauche en revanche, le principe de moralité prime sur celui de présomption d’innocence, et un ministre mis en examen « ne peut tout simplement pas rester au gouvernement », estime le secrétaire national d’Europe Ecologie-Les Verts, Julien Bayou. « Si on veut que les Françaises et les Français s’intéressent à nouveau à la vie politique, si on veut que la défiance ne l’emporte pas, il faut tenir ses engagements », abonde le premier secrétaire du PS, Olivier Faure.
« Dans un contexte d’abstentionnisme massif, il appartient au gouvernement de prendre la mesure de l’impact d’une telle mise en examen sur la confiance que les citoyens placent dans son action. Ainsi, la question du maintien de M. Dupond-Moretti au gouvernement mérite d’être posée », rappelle de son côté la présidente de l’association Anticor, l’avocate Élise Van Beneden.