Grâce à l’algorithme Flex Amazon contrôle ses millions de sous-traitants d’une main de fer, et les incite à travailler toujours plus et toujours plus vite pour satisfaire des milliards d’utilisateurs.
GPS défectueux
Bien qu’il soit très fort pour traquer les coursiers et déterminer leur vitesse de livraison, Flex pèche en ce qui concerne son système de guidage par satellite. « C’est le GPS le plus nul qui existe : il t’invente des routes, te fait passer en sens interdit, la flèche qui nous guide ne suit même pas le GPS… Quelle perte de temps ! Le pire, c’est qu’on doit utiliser notre propre téléphone et payer notre forfait Internet », témoigne un livreur français.
« Chaque jour, un nouveau problème. Pour commencer, le GPS a presque quinze secondes de retard, ne pointe jamais la bonne direction, a des problèmes à localiser chaque entrée dans un bâtiment… Ensuite, le choix des points d’arrêt est catastrophique, les entreprises qui ferment à 17 heures apparaissent souvent en dernier point de livraison dans la course », abonde un de ses collègues.
Réel danger
Et si seulement Flex se contentait de faire perdre du temps aux livreurs … mais non. Aux États-Unis, l’application est devenue un vrai danger public. « Parfois, on doit livrer six colis d’un côté de la rue et sept de l’autre côté, sauf qu’entre les deux il y a une autoroute et qu’il faut la traverser à pied » pour ne pas être pénalisé par Flex, témoigne un livreur américain. « Maintenant, quand je dois traverser ce genre d’autoroute, je préfère me garer sur le terre-plein central », ironise-t-il.
Algorithme tout-puissant
En plus d’être omniprésent, puisqu’il connaît l’heure d’arrivée du livreur, suit son parcours de livraison, et contrôle s’il fait des pauses, Flex est surtout omnipotent, puisqu’il attribue une note à chaque livreur, qui déterminera le sort de celui-ci. Si la note est bonne, le livreur se verra attribuer les meilleurs lots de colis à distribuer, et si elle est mauvaise, il sera automatiquement déconnecté de Flex.
« Nous avons beaucoup investi dans la technologie et les ressources pour offrir aux chauffeurs une visibilité sur leur statut et leur éligibilité à continuer à livrer », se justifie Amazon.