Les patrons du CAC 40 devraient toucher, en moyenne, 5,3 millions d’euros de rémunération en 2021, soit 40% de plus qu’en 2020. Dans le même temps, les salariés, qui ne gagnent déjà pas grand-chose, devront se contenter de seulement 2% d’augmentation.
Salaires injustifiables
Selon l’économiste Dominique Plihon, cette hausse des salaires patronaux est économiquement injustifiable : « En ce moment, les rémunérations des PDG du CAC 40 sont tirées à la hausse par les perspectives de reprise. Ces perspectives sont plutôt bonnes, mais le “talent” des grands patrons n’y est pas pour grand-chose ».
« Ce sont les politiques publiques dans leur ensemble (plans de relance, injection de milliards d’euros de liquidités par la Banque centrale européenne, etc.) qui ont soutenu l’économie de la zone euro depuis le début de la pandémie. Et donc, en partie, l’argent du contribuable : les 100 milliards d’euros du plan de relance français, par exemple, sont financés par nos impôts », explique monsieur Plihon.
Danger pour l’entreprise
De par son caractère injustifiable et injuste, cette décision sape le moral des salariés, et pourrait aboutir à des grèves. Elle représente donc un risque pour les entreprises et la fragile relance économique. « L’image renvoyée à l’ensemble de la société est délétère, insiste Dominique Plihon. Dans les mois qui viennent, nous risquons d’être confrontés à un discours de rigueur de la part de nombreux dirigeants français et européens, selon lequel il faudra éviter d’augmenter les salaires des travailleurs pour ne pas plomber la reprise actuelle. Dans ce contexte, il est d’autant plus irresponsable d’accorder de telles rémunérations aux grands patrons ».
« Les dirigeants du CAC 40 constituent un petit “club” fonctionnant en vase clos. Ils n’ont pas une vision réaliste de la société… C’est bien pour ça qu’il faudrait les rappeler à l’ordre et instaurer des règles contraignantes sur les écarts de salaire dans les entreprises, couplées à une fiscalité très progressive sur les hauts revenus », conclut l’économiste.