Après avoir augmenté de 10 % en juillet, les tarifs réglementés du gaz ont encore grimpé de 5,3 % en août, portant la hausse totale à 100% depuis 2004. En cause, la libéralisation du secteur il y a 30 ans.
Trop de dividendes
« Nous sommes évidemment dépendants des cours du marché mondial, dans la mesure où on ne produit plus de gaz en France, admet le spécialiste de l’énergie, Aurélien Bernier. Mais, au-delà des fluctuations des cours, il y a un problème de fond : les entreprises comme Engie continuent de verser des dividendes coûte que coûte. Au lieu de servir les actionnaires, elles pourraient très bien décider de lisser leurs tarifs, de manière à ce qu’on ne répercute pas (ou très peu) les hausses des cours sur les consommateurs. C’est la grande différence entre un marché géré par des opérateurs privés et un service public… »
« Les dividendes versés par Engie à ses actionnaires depuis 2009 ont représenté plus de trois fois le montant de ses bénéfices et, en 2016, le groupe a même versé quinze fois plus de dividendes que de bénéfices », s’indignait déjà Oxfam France en 2018.
Renationaliser
« L’ouverture ménagée du marché se traduira par une baisse des prix au bénéfice des consommateurs domestiques comme des industriels », promettait le gouvernement d’Alain Juppé il y a dix ans. Si seulement.
Et comme la promesse n’a pas été tenue, nombreux sont ceux à proposer une renationalisation du secteur. « L’énergie est un bien commun qui ne devrait pas être confié au secteur privé. C’est d’ailleurs aussi vrai pour le gaz que pour l’électricité ou les énergies renouvelables. Il n’y a aucune raison de laisser des opérateurs privés s’engraisser sur le dos des consommateurs », insiste Aurélien Bernié.