Selon deux rapports publiés mardi 12 et jeudi 14 octobre par l’ONG Oxfam, la France, par l’intermédiaire de ses banques, jouerait encore un rôle majeur dans l’endettement de plusieurs pays africains, et pourrait être à l’origine de nombreuses politiques d’austérité.
Plus pour la dette que pour la santé
« Les données analysées montrent que les établissements financiers français privés sont actifs sur les trois segments qui concourent aujourd’hui à l’accroissement rapide de l’endettement des pays les plus pauvres : le crédit bancaire, les services d’émissions obligataires et l’achat d’obligations souveraines », souligne Oxfam, qui fait état de « plus de 200 millions de dollars de remboursements, dont près de 40 millions de dollars d’intérêts » versés chaque année.
Ainsi, dans des pays comme la Côte d’Ivoire ou le Sénégal, où « des filiales de banques françaises sont implantées de longue date », le remboursement de la dette représente davantage que le budget de la santé ! A titre de comparaison, les dépenses de santé françaises s’élevaient à approximativement 200 milliards d’euros en 2020, pour un remboursement de la dette d’environ 30 milliards d’euros seulement.
Aggravation due au Covid
Oxfam appelle donc « à un changement de cap urgent alors que les assemblées annuelles de la Banque mondiale et du FMI ont lieu en ce moment ». « Des discussions cruciales pour axer la relance vers la lutte contre les inégalités et la pauvreté » sont nécessaire, insiste l’ONG.
« La plupart des mesures de soutien prises en réponse au Covid-19 étaient temporaires et ont peu contribué à réduire les inégalités, tout en provoquant une forte augmentation de la dette », explique Oxfam. Sans compter qu’aujourd’hui ces programmes de soutien « ont été remplacés par des mesures d’austérité alors que les taux d’infection au Covid-19 augmentent dans plusieurs pays de la région et que moins de 4 % des Africains de l’Ouest sont entièrement vaccinés ».