Comme plusieurs autres candidats à la présidentielle (Jean-Luc Mélenchon, Marine Le Pen, Nathalie Arthaud … ), Fabien Roussel (PCF) assure pouvoir rétablir la retraite à 60 ans, et permettre à tous les travailleurs de partir « avec un minimum de 1 200 euros » par mois.
« Améliorer l’existence »
Pour le candidat communiste français, « l’allongement de la durée de vie doit améliorer l’existence au lieu d’allonger le temps de travail », comme le suggérait la droite lorsqu’elle fit passer sa réforme en 2021, reculant l’âge légal de la retraite de 60 à 62 ans. « Nous voulons dire qu’à 60 ans, tout le monde part à la retraite avec un minimum de 1 200 euros », insiste Fabien Roussel, qui estime le coût de la mesure entre « 30 et 40 millions d’euros par an pour une retraite digne ».
Et pour trouver cette somme, le député du Nord propose une solution en deux temps. « Nous mettrons d’abord en place une cotisation sur les revenus financiers. Cela concernerait les revenus du capital, les plus-values boursières ou encore les dividendes. Cela représente environ 300 milliards d’euros, sur lesquels nous appliquerons une taxe de 10 %, ce qui nous permettra de dégager 30 milliards d’euros. Puis, parce que l’objectif est progressivement de tarir ces sources de revenus du capital, le système serait financé par la réalisation de l’égalité hommes femmes dans les entreprises et par une création massive d’emplois. Cela fera des cotisations supplémentaires », assure-t-il.
Difficilement réalisable
Les économistes, même de gauche, s’accordent sur le fait que la mesure est optimiste, voire utopiste. « En tant que sympathisant c’est une très bonne idée. En tant qu’économiste, les 300 milliards sur lesquels Roussel compte pour financer sa réforme n’existent pas. Les dividendes nets que l’on peut taxer c’est de l’ordre de 40 à 50 milliards. Donc au maximum, cela ferait 4 ou 5 milliards de contributions supplémentaires », déplore un spécialiste des retraites orienté très à gauche, ayant souhaité conservé l’anonymat.
Même son de cloche pour l’économiste Alain Trannoy, professeur à l’école d’économie d’Aix-Marseille. « Il me semble qu’il y a un décalage entre les recettes et les dépenses supplémentaires. Pour lever ne serait-ce qu’une partie de la somme évoquée, il faudrait a minima créer une nouvelle taxe sur les dividendes qui ne sont pas distribués. À mon sens, l’enjeu serait plutôt de sécuriser le financement des retraites qui est aujourd’hui déficitaire. Sinon, faute de recettes supplémentaires, le raccourcissement de l’âge légal de départ à la retraite nécessiterait donc un recours accru à l’endettement avec le risque que ça se reporte sur les actifs, par une augmentation des cotisations sociales », détaille l’économiste.